Le mot lunette

J’ai remarqué que lunette n’est plus souvent utilisé pour désigner l’accessoire ovale et percé du siège des cabinets d’aisance. De Leroy-Merlin à Allibert on semble éviter ce mot joliment cosmique comme s’il était chargé d’un voyeurisme embarrassant. On lui préfére les revêches  “abattants” avec “frein de chute silencieux et déclipsable ». Frein de chute de qui, de quoi ? De la lunette, qu’une fille qui passe aux WC après un garçon peut désormais rabattre sans faire « bang ».

Dans tous les dictionnaires cette acception hygiénique de lunette est placée parmi les premières, bien avant tout instrument d’optique. Le CNRTL fournit même deux exemples littéraires dont l’un est emprunté au Journal de Jules Renard : « Quand on a bien envie et qu’on peut – enfin ! – mettre son derrière sur la lunette, c’est une joie d’attendre encore un peu ».

 

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Une réponse à Le mot lunette

  1. Dany Pinson dit :

    Gravissant les échelons de votre carnet d’esquisses, je trouve un grand plaisir à passer de vos analyses littéraires les plus éthérées aux considérations objectives sur les oculi, tores et oves les plus triviaux. Un rabat n’est pas une lunette, pas plus que des oeillères ne sont des lunettes. Votre étude m’a rappelé la chanson des insurpassables Frères Jacques, Les petits cabinets de province, où l’on parle de revues de littérature qui tombent dans notre ouverture. La boucle est ainsi bouclée.

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