Recopier et citer

J’éprouve quatre plaisirs à copier dans un cahier spécial les phrases des auteurs que j’aime: écrire à la main sur des lignes ; absorber physiquement la phrase que je relève au moment où je l’écris ; relier des phrases aimées à d’autres phrases aimées ; feuilleter mon cahier et relire ce que j’y ai copié, matière première qui jamais ne me déçoit et toujours me remet au centre de moi-même.

Pierre Dhainaut, dont j’ai noté ces derniers temps des phrases tirées d’Un Art des passages, décrit la façon dont Gérard Farasse mène sa lecture critique, qui n’a d’ailleurs rien de critique tant c’est une lecture d’adhésion : « le plaisir de lire et le plaisir d’écrire s’équivalent, ils sont solidaires. » Gérard Farasse aime lui aussi recopier ce qu’il lit afin de mieux accueillir les auteurs qu’il affectionne : « Ce sont des textes maternels, qui donnent la parole au critique, toujours infans ».

Ajoutons en écho ces paroles de Jacques Lèbre dans un entretien avec François Bordes (revue Phoenix n°17)  à propos de ses chroniques littéraires :

Par expérience, je sais que c’est une citation, toujours, qui m’aura donné l’envie de lire un auteur, et c’est donc là-dessus que je compte, sur les citations, et pas du tout sur ce que je peux dire ou broder autour du livre. Seule la citation se rapproche du centre.

Mais Jacques Lèbre dit aussi que lorsqu’il commente un livre, il lit d’autres oeuvres de l’auteur que celle dont il parle. Une chronique vaut par ses variations de distance, sa manière d’approcher, de reculer, de contourner son objet pour mieux en toucher le centre.

 

 

 

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2 réponses à Recopier et citer

  1. J’ai recherché hier soir la lettre de Flaubert à Marie Sophie Leroyer de Chantepie le 6juin 1857. Elle me paraissait bien mal traduite en espagnol: “ Ne lisez pas comme les enfants lisent, pour vous amuser, ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. Non. Lisez pour vivre.” Se replonger dans la Cirrespondance de G.F.

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