Dans l’ordre inversé des blogs le repentir se présente avant la faute, ce qui l’allège : dimanche dernier j’avais décidé de rassembler en une nouvelle catégorie mes billets récents tournés vers l’espagnol de mon enfance, la comparaison et la traduction des diverses langues que l’on est amené à entendre ou à parler. Après hésitation, j’avais nommé cuenca (vallée, bassin, écuelle, et nom d’une jolie ville) cette nouvelle catégorie, au détriment du mot ístmo préalablement choisi. Mais l’image d’un isthme comme une langue de terre reliant deux pays ne me quitte pas, je la trouve même de jour en jour et d’heure en heure plus parlante que celle d’un bassin, d’une écuelle ou d’une ville ̶ aussi belle et patrimoniale-de-l’Humanité soit-elle. Comme je suis seul maître à bord ici je veux être versatile. Je débaptise donc cette catégorie et je la nomme Ístmica, isthmique, adjectif substantivé.
J’échappe ainsi au -ismo pédant qui me dérangeait l’autre jour, et je le paillette d’un mica aussi net que le roc de granit auquel ce minerai s’incorpore, ce qui ravive mon souvenir des excursions à la Pedriza dans les contreforts granitiques de la sierra de Guadarrama.
Je n’aimais pas toujours pique-niquer à la Pedriza : parce que je n’osais pas escalader, parce qu’un garçon se moquait de moi, parce que mon col roulé me grattait le cou, parce que j’avais eu mal au cœur en voiture, mais la nostalgie aujourd’hui incrustée fait de ces rochers ronds et rêches les lieux les plus doux, les plus scintillants et les plus accueillants du monde.