Un couple joue au jokari : « Moi aussi, je peux cogner comme un sourd », dit-elle. Ils renoncent et s’allongent sur le sable. Elle lui reproche d’avoir un comportement d’enfant. Il répond « mm » et elle dit « arrête ». Il dit : « On va déménager ». Elle se radoucit : “Nonnooon ». Il lui passe de la crème dans le dos avec une absence de sensualité calculée. Elle lui tourne encore le dos. Il se lève et marche vers les galets. Elle range tranquillement des coquillages dans un sac et allume une cigarette. Ils ont la trentaine et pas d’enfant à l’horizon.
Il se trempe dans la mer jusqu’aux cuisses sans enlever son tee shirt. Il a ramassé quelque chose de noir : un paquet d’algues ? Il va le mettre dans le cou de sa femme ? Elle sera fâchée et il blaguera : « C’est du phyto-thalasso à l’œil ! » Mais non, il pose la chose noire contre la dune et s’assied là-bas. Il a donc déménagé. La mer se partage entre ombre et lumière. À plat ventre, elle lit un livre et lève furtivement les yeux vers lui. Il revient et se plante devant elle. Il dit : « Tu as vu comme c’est … là-bas ? » Elle fait « mmm » sans lever la tête. Il dit : « Je vais acheter une bonne pompe à vélo » et s’en va seul avec le panier.
Après les lunes de fiel viendront les lunes de pierre et de fer.