Le titre de ce recueil de poèmes publié en novembre 2016 me laissait présager un obstacle, un mur, un arrêt…
Mais c’est l’illimité qui déferle d’abord.
À peine le livre ouvert, la mouette que je suis est saisie, emportée : les sept textes des sept premières pages du recueil sont des variations sur le thème de l’acte même d’écrire, ou sept marées de prose qui disent la « graphie de vie » entraînée par
ce mouvement de vague qui porte ou a porté jusqu’en bout de page cette écume blanche qui bruit et se défait doucement sur le sable d’une nouvelle plage et ainsi de suite dans le ressac aussi monotone que varié du temps
Dans un présent d’éternel retour – sans date dit le premier poème – les mots reviennent ou se transforment, les pages-plages (Emaz ne dédaigne pas ces paronymes simples) s’écrivent et se succèdent. D’une variation à l’autre surgissent des
roches noires de texte qui restent un peu balises ou stèles traces graphes de vie
et qui ponctuent le mouvement de la phrase pour en stabiliser le contenu sans le pétrifier, enveloppées dans le roulis de son rythme.
Si la justesse est, comme le dit ailleurs Emaz, « l’adéquation profonde entre ce qui fait dire et la forme du dit », cette prose fluide est extraordinairement juste.
(Je parlerai prochainement du reste de ce recueil)