Je n’aimerais pas être un poisson qui tourne dans un bassin avec des yeux fixes, des petites nageoires et une bouche sans lèvres. Les humains ont la chance d’avoir des lèvres pour parler, des mains pour écrire et cuisiner, des paupières pour fermer les yeux et rentrer en soi.
Ceci me fait penser à l’inclassable poète Jean-Luc Parant, qui dit que nous avons accès au ciel, aux étoiles et à l’infini parce que nous ne voyons pas nos propres yeux.
Jean-Luc Parant dit beaucoup d’autres choses. Il fait rouler vers nous une foule de boules et de mots mystérieux et immédiats :
L’homme pense pour s’enfuir et s’échapper de la terre où il est enfermé. Sa pensée est l’échappée qui le rend libre. Il pense et il entre tout entier en lui comme le poisson entre tout entier dans l’eau, le serpent tout entier dans la terre, l’oiseau tout entier dans l’air.
Les mots de Jean-Luc Parant suivent leur pente, comme ses boules que rien ne tient et qui, parce qu’elles sont boules, ne demandent qu’à s’ébouler.
Parfois Jean-Luc Parant est fatigant comme un enfant remuant qu’on écoute d’une oreille. Je ne sais pas si je comprends tout ce qu’il dit mais je comprends très bien qu’il me donne envie d’être plus libre.