Traduction artificielle

 

Au mois de juin j’ai lu le Dictionnaire amoureux de la traduction de Josée Kamoun ; je suis allée aux rencontres du Centre de traduction littéraire de Lausanne ; j’ai écouté quelques tables rondes du Marché de la poésie à Paris, avec Thierry Gillyboeuf, Martin Rueff, Jean-Baptiste Para, Lucie Taïeb, Marion Graf, et d’autres merveilleux traducteurs.

Mais, me promenant dans une allée du Marché, non loin du chapiteau où se tenaient les discussions, je me suis arrêtée devant le stand d’une éditrice-galeriste japonaise qui vendait des livres d’art. Principalement des estampes accompagnées de haïkus bilingues japonais-français.

Je prends un livre pour le regarder de plus près. Pas de nom de traducteur sur la première de couverture. C’est courant. Je feuillette : pas de nom sur la page de titre, ni sur aucune autre page. Je regarde l’éditrice et demande : « Intelligence Artificielle ? » Sans la moindre gêne elle acquiesce et dit : « Oui, mais je revois les mots ».

Chat GPT pour 17 syllabes de texte… Mais l’IA pourrait-elle  constituer un premier jet pour des traductions de textes longs ? s’efforce de se demander Josée Kamoun dans son Dictionnaire amoureux. Le gain de temps est très douteux, dit-elle, car dès le début « le traducteur interprète le texte de l’auteur (…) en mettant en œuvre, consciemment et inconsciemment, toutes les associations qui lui sont personnelles, il se le réapproprie. » Les traducteurs littéraires de l’ATLAS et de l’ATLF parlent, eux,  d’une “délégitimation au profit d’un robot” d’un travail qui commençait tout juste à être reconnu comme celui d’un auteur.

Sur son blog Minotaura, Marilyne Bertoncini présente le cas original d’une informaticienne et artiste chinoise, Zhao Chuan, qui s’est amusée à écrire des distiques en partenariat avec un logiciel d’Intelligence Artificielle, comme on joue aux échecs.

Voici le résultat, traduit par Marilyne Bertoncini à partir d’une version anglaise de Yin Xiayuan :

Premier vers :

Une fenêtre chatoyante de fleurs d’été se voile à peine d’un rideau.

L’IA répond :

La draperie flottant sur les rêves crépusculaires ne craint pas les épreuves.

(Pas mal, ma foi.)

Peu à peu, l’IA se met à répondre ainsi :

Une personne vertueuse est dépourvue de vanité

Ou :

Une vie menée honnêtement mène à la béatitude céleste

« Arrêtons là », dit Zhao Chuan.

Et elle interrompt sa partie d’échecs pour écrire ses propres vers autour de « l’ancestral esprit oriental ».

Lien vers le blog de Marilyne Bertoncini :

http://minotaura.unblog.fr/2024/02/18/le-cedrat-citrus-medica-by-zhao-chuan/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR3Jb5fsSqtSvs3TuuoqieQCXic3j18HvpJgkF4H5s57utnrfU82Y6e25b0_aem_CzEBcFTT9w6H0_PzVih_sw

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