C’est fini ?

Je me suis souvenue récemment des derniers mots de Nathalie Sarraute, tels que les a rapportés sa fille Claude qui était à son chevet : C’est fini.

« Claude ne put savoir si ces mots exprimaient le soulagement que tout fût enfin terminé ou l’angoisse de la disparition imminente », dit Ann Jefferson dans sa biographie ♠.

Peut-être s’agissait-il d’un simple constat, comme le Ich sterbe attribué à Tchekhov sur son lit de mort.

Mais je ne sais pas pourquoi, je me suis toujours figurée qu’ils exprimaient un étonnement : « C’est fini ? »

Je relis l’émouvante séquence intitulée « Ich Sterbe » dans L’Usage de la parole de Nathalie Sarraute :

Ce qui en moi flotte… flageole… vacille… tremble… palpite… frémit… se délite… se défait… se désintègre… Non, pas cela… rien de tout cela… Qu’est-ce que c’est ? Ah voilà c’est ici, ça vient se blottir ici, dans ces mots nets, étanches. Prend leur forme. Des contours bien tracés. S’immobilise. S’assagit. S’apaise. Ich sterbe.

C’est fini. Sans suspension. Sans question. Point final.

♠ Ann Jefferson, Nathalie Sarraute, Flammarion, 2019.

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