J’ai mis mon chapeau à pois, j’ai épousseté sur le banc des miettes de croissant, et je me suis assise avec un livre à ma place préférée devant le bouquet de bambous. S’installe à côté de moi une femme. Des pigeons viennent picorer les miettes, je les chasse de temps en temps du pied.
Elle tourne vers moi ses yeux ronds et mielleux :
― Est-ce que je peux vous poser une question ?
― Oui.
― Pourquoi craignez-vous les oiseaux ?
― Je ne les crains pas. Ces pigeons me déplaisent.
Elle penche sa tête grise de côté et me regarde en coin :
― Pourquoi en avez-vous peur ? Vous ne risquez rien.
― Il y a des compagnies qui déplaisent… Si c’est le cas de la mienne vous pouvez changer de banc.
Elle redresse la tête et gonfle sa gorge courroucée :
― C’est ce que je vais faire.
― ø
― Si vous avez la phobie des oiseaux, ça se soigne.
― ø
Je crois que c’est mon chapeau à pois qui m’a donné la dignité de ne pas bourrer cette ornithophile de coups de pied.