Je relis au café un conte babylonien qui m’impressionnait beaucoup quand j’étais jeune. Les fils d’un homme riche s’appellent Bon et Mauvais. Les deux frères se haïssent et se font un procès pour l’héritage paternel. Bon, le plus jeune, perd le procès et n’hérite que d’une vache maigre. Un jour, cette vache accouche d’un enfant humain qu’elle s’apprête à piétiner cruellement. L’enfant, un garçon, miraculeusement sauvé par le Dieu Soleil, réconciliera à la fin les deux frères.
Cette légende a quelque chose de si bénéfique, de si lumineux, que j’ai éprouvé un instant de joie intense, au moment de payer mon café avec ma carte bleue, en lisant « code bon » sur la machine.
Tout le mal de l’histoire de ces jumeaux, dit le narrateur, vient de ces prénoms antithétiques de mauvais augure. Je suis bien d’accord avec lui.
Et la vache maigre, que devient-elle ? Elle disparaît magiquement de l’histoire mais je pense parfois à elle.
Jolie histoire, en effet. On aime la conclusion solaire et que tout se termine pour le mieux. Ne jamais désespérer de nos contradictions intimes, car les frères ennemis sont aussi en nous. Parvenir à se réconcilier sur le soir avec soi-même tient parfois du prodige. On pourrait imaginer que la “vache maigre” soit la psychanalyse qu’on abandonne derrière soi quand elle nous accouche! (après nous avoir un peu piétiné!!).
Oui, code bon !
Un abrazo