« Je sens comme un allons plus loin »,
disait Proust devant ses manuscrits et paperoles.
Mais il y a des moments où on sent plutôt comme un “allons ailleurs”.
Et Adelheid Duvanel, c’est un ailleurs.
Je viens de découvrir cette écrivaine suisse de Bâle (1936-1996) dont je parlerai peut-être un jour plus longuement.
La Maison disparue est un recueil d’instantanés de vies minuscules, avec des gens qui ont des absences, des dissonances, prennent une chose pour une autre dans un déséquilibre secret et fondamental. Les récits de deux à quatre pages ont des titres comme : Sansmoi ; Petit lapin dans la fosse, et certains personnages des noms étranges et attirants : Hubert Pleinement.
L’écriture, dans ses sauts, peut rappeler un tout petit peu celle de Robert Walser. En moins gai, et en plus directement − quoique discrètement – douloureux, grave, bizarre, replié sur soi.
Une sorte de musique qui ne se laisse pas oublier.
Voici par exemple un début :
Dans ma tête, je suis encore et toujours dans le train ; le paysage défile à hauteur de mon oeil droit : la forêt rend le brouillard encore plus sombre. Parfois, dans un virage, je vois la tête du train qui s’éloigne en sifflant. Un garçon avec une cage à oiseau dans laquelle se trouve un serpent me regarde. À côté de lui est assise une fille plus âgée. J’imagine que la fille a honte parce que son petit frère transporte un serpent dans la cage à oiseau.
Catherine Fagnot, la traductrice, parle avec justesse et affection de la substance particulière de ces textes dans un article du Matricule des Anges de 2018 que je mets ici en lien :
https://lmda.net/2018-03-mat19107-chronique_traduction
Magnifique Nathalie
Ça laisse rêveuse et enthousiaste