En repensant à la question : faut-il s’aimer soi-même, et qu’est-ce que soi-même, je me tourne aujourd’hui vers Malraux et La Condition humaine. Ce titre m’a longtemps semblé vide et pompeux, ne me donnant pas envie de lire le roman, jusqu’au moment où l’auteur m’a fait comprendre qu’il lui avait été inspiré par une expérience très concrète : le fait de ne pas reconnaître sa propre voix dans un magnétophone. ― C’est que, dit le vieux Gisors à son fils Kyo, nous entendons la voix des autres avec les oreilles et la nôtre avec la gorge. Et Kyo se dit : ― Sa vie aussi, on l’entend avec la gorge (…) Mais pour moi, pour la gorge, que suis-je ? Une espèce d’affirmation absolue, d’affirmation de fou : une intensité plus grande que celle de tout le reste. Pour les autres, je suis ce que j’ai fait. (p. 58-59)
Et moi, pour la gorge, que suis-je ? Un fourmillement, un petit oiseau qui piaille, un enchevêtrement de racines de bambous, des nuages qui passent, un volcan au bord de l’éruption…
Et pour les autres ? Un être à peu près respectable pour ceux qui me connaissent, et ce blog pour ceux qui ne me connaissent pas.