Parmi les divers articles de papeterie qui se trouvent sur mon bureau, j’ai une affection particulière pour un porte-stylo offert par une élève iranienne. C’était une fille éveillée qui aimait beaucoup la littérature. Son père était, paraît-il, un progressiste établi en France car il était opposé à la République islamique.
Il a un jour cassé le bras de sa fille en la battant car elle portait des bottes qu’il jugeait indécentes.
Je dois dire que le lycée a réagi. La proviseure a convoqué le père pour l’avertir de ne pas s’aviser de recommencer.
Je ne sais pas ce qu’est devenue cette élève. J’aurais aimé, l’année dernière, la rencontrer à la manifestation Femme Vie Liberté de Paris et la savoir heureuse.
En pensant à elle je lis un poème de Forough Farrokhzad :
La vie,
C’est peut-être une longue rue où passe,
Chaque jour,
Une femme avec un panier
La vie,
C’est peut-être une corde
Avec laquelle un homme se pend
A une branche
La vie,
C’est peut-être un enfant
Qui rentre de l’école.
La vie,
C’est peut-être entre deux étreintes,
Dans l’engourdissement de l’heure,
Allumer une cigarette
Ou la silhouette confuse d’un passant
Qui, ôtant son chapeau avec un sourire banal,
Dit à un autre
bonjour.
(…)
(Extrait du poème “Une autre naissance”, in Saison froide, traduction Valérie et Kéramat Movallali, éditions Arfuyen, 1996.)
Beau poème (j’ai moi aussi plein d’amis en Iran). Votre culture et votre éclectisme me réjouissent et me font tourner la tête. Merci encore.