Mes parents aimaient la grivoiserie et collectionnaient des assiettes émaillées dont certaines portaient des inscriptions comme celle-ci : “Avec l’âge les raideurs se déplacent”.
Et s’il en allait de même pour les souplesses ? À vingt ans mon esprit cassant dans mon corps agile refusait avec raideur des règles jugées raides. À soixante ans mon esprit se plie, se déplie et batifole dans mon corps courbatu. La phrase : « Avec l’âge les souplesses se déplacent » pourrait donc être peinte sur une assiette de ma cuisine.
Une confirmation inopinée me vient ce matin du poète Jacques Lèbre dans L’Autre musique : “Il y a peut-être des gens que la vie raidit, il y a peut-être des gens que la vie assouplit ?”
Mais c’est Confucius qui me fournit, sans point d’interrogation, la plus décisive et encourageante conclusion : “À soixante-dix ans, je peux suivre exactement les désirs de mon cœur sans outrepasser aucune règle”.
C’est aujourd’hui le sixième anniversaire de la mort de papa.