Yoko Tawada possède l’art de dire l’essentiel sans avoir l’air d’y toucher.
La narratrice du petit livre Le Sommeil d’Europe, musicienne japonaise titulaire d’une bourse pour étudier en Allemagne, assiste dans une librairie de Berlin à une lecture de poésie, car peu douée pour la grammaire, elle veut apprendre la langue par ses rythmes et sa mélodie. Or, dit-elle en passant, “l’intéressant était que toutes les poétesses s’efforçaient obstinément d’éviter que leur lecture soit trop mélodieuse, trop douce ou trop chargée d’émotion. »
Etrange, cette peur du lyrisme chez certains poètes d’aujourd’hui qui leur fait tourner le dos à la langue et à la vie.