Nez en bas nez en l’air avec Jacques Lèbre

– Nez en bas : je lis dans la revue de poésie Phoenix (n° 17) cette phrase de María Zambrano relevée par Jacques Lèbre :

L’homme est une créature étrange à qui il ne suffit pas de naître une seule fois : il a besoin d’être ré-engendré. Ce que l’on appelle esprit pourrait bien être ce besoin et cette puissance de réengendrement qui caractérisent l’homme (…).

Je trace une croix d’approbation au crayon dans la marge.

– Nez en l’air : je rêve à ce “réengendrement”, je me promets d’envoyer la citation à mon amie Gilda qui est à l’hôpital, je prends avant de fermer le livre un marque-page au hasard sur l’étagère : il provient de la librairie chinoise Le Phénix. La double coïncidence m’illumine un instant. Je compare diverses représentations de l’oiseau mythique.

“Phoenix rising from its ashes”, Enluminure du Bestiaire d’Aberdeen

– Nez en bas : Je me rappelle en lisant à quel point Jacques Lèbre est attentif aux oiseaux. J’entoure au crayon cette remarque toute simple :

Les poules ne regardent pas le ciel, elles picorent.

– Nez en l’air : je rêve au Cygne de Baudelaire, je retrouve le poème : Vers le ciel quelquefois, comme l’homme d’Ovide / Vers le ciel ironique et cruellement bleu / Sur son cou convulsif tendant sa tête avide…

Illustration de Georges-Antoine Rochegrosse

Et je me souviens que les ânes braient parfois en tendant le cou vers le ciel ce qui les rend triplement et infiniment pathétiques.

– Nez en bas : j’accompagne d’une croix et d’un point d’exclamation au crayon cette remarque de Jacques Lèbre :

(…) Une chose à laquelle j’ai déjà pensé : au lieu d’envoyer une lettre à un auteur lui retourner des photocopies de ses pages remplies de soulignages et de traits au crayon dans la marge, seul véritable témoignage d’une lecture.

– Nez en l’air : oserais-je faire pareille chose avec Jacques Lèbre ?

Nez en bas en l’air, le lecteur est poule et cygne. Et phénix, j’espère.

P.S. Quelques jours après avoir écrit ce billet, j’ai rencontré le très reconnaissable Jacques Lèbre au Salon de l’Autre Livre, et j’ai osé lui dire de vive voix ce que je n’aurais pas osé lui envoyer.

 

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