Je crois que je suis en train de retrouver une petite gaieté, celle qui me pousse à écrire des choses courtes et frétillantes.
Je prends d’abord la résolution d’arrêter de me dire : “Je suis la plus vieille de ce wagon de métro, de ma bande de soeurs, de-ceci-de-cela”. Penser à Lichtenberg: “Rien ne rend plus vieux que d’avoir sans cesse à l’esprit l’idée qu’on vieillit”. (Et il ajoute : “Je le sens bien en moi-même ; cela fait partie de ma production de poison”. Lichtenberg est mort en 1799, à 53 ans. C’est pour nous, la deuxième force de l’âge…)
Peut-être suis-je redevenue frétillante grâce à la lecture de là où je n’écris pas, le dernier livre de Christiane Veschambre. Non qu’elle le soit elle-même – je la dirais plutôt frémissante – mais parce que chacun de ses livres cherche à rejoindre une certaine zone de mutisme en elle, et que c’est vivant. On retrouve ici le questionnement de Basse langue (2016), mais le texte se fait de moins en moins discursif. Le on se substitue volontiers au je et le vers à la prose :
qui continue d’écrire
là où on n’écrit pas ?
qui vit
là où l’angoisse
s’étire
libre occupante
toute résistance résorbée ?
Et je retrouve un lien vers un billet de 2021 sur Christiane Veschambre, suivi d’un émouvant commentaire de Jacques Robinet (un grand vivant lui aussi) :