L’étymologie est une science parfaitement vaine qui ne renseigne en rien sur le sens véritable d’un mot, dit Michel Leiris dans La Révolution surréaliste.
Antonin Artaud enchaîne vigoureusement : Oui, voici maintenant le seul usage auquel puisse servir désormais le langage, un moyen de folie, d’élimination de la pensée, de rupture, le dédale des déraisons, et non pas un DICTIONNAIRE où tels cuistres des environs de la Seine canalisent leurs rétrécissements spirituels.
Échauffée par ces déclarations, j’ai empoigné le mot saugrenu qui me grattait la cervelle ce jour-là pour en jeter une définition révolutionnaire. Puis ‒ scrupule ou curiosité ‒ j’ai consulté le dictionnaire étymologique Bloch et Wartburg :
Saugrenu provient de l’adjectif “grenu”, composante du mot “saugreneux” ou “saugrenée” que l’on trouve chez Rabelais, sorte de purée de pois composée de sel et de grain.
Et il m’a fallu reconnaître que les définitions de l’Académie – tout comme le blog culinaire de Greta Garbure – peuvent être plus féconds et saugrenus que ma fantaisie.
Saugrenée serait un nom appétissant pour une maison d’édition, une revue, un blog, un recueil d’aphorismes.