Un jeune Nantais a gagné l’année dernière le concours Lépine européen avec son “Sensorwake”, réveil olfactif aux parfums de brise marine ou de café-croissant, enfermés dans des parallélépipèdes froidement bariolés.
Si l’odeur diffusée est aussi artificielle que l’aspect visuel de l’engin le laisse prévoir, elle rappellera ces déodorants que l’on met dans les lieux d’aisance. Si au contraire l’odeur est parfaitement naturelle et sui generis, le dormeur éprouvera la frustration de la humer sans manger, comme le Lazarillo de Tormes avec la saucisse. Certes, la frustration met en alerte, aiguise les facultés et incite à l’action, mais il vaudrait encore mieux un réveil qui vous sert le café : le « nespréveil » avec grille-pain incorporé en option.
Ou un valet.
Je propose plutôt un réveil diffusant une liste de mots qui vous donnent envie de vous lever, comme « hardi », « saugrenu », ou des mots qui vous soufflent un coup de vent comme « vif », « esquif » (ou tout autre mot finissant par “-if” excepté « poussif »). On ne les dirait pas avec le ton engageant ou sensuel des bateleurs de radio. Il faudrait juste prononcer distinctement chacune de leurs syllabes afin que le mot soit réveillant par la seule force de ses sonorités.