Égarés dans la maison, ils manifestent tant de détresse loin de leurs fleurs que je me sens tenue de les secourir toutes affaires cessantes.
Un gros bourdon est entré par la porte-fenêtre sud et vient se cogner à la porte-fenêtre nord. J’ai l’impression qu’un airbus s’est posé dans la pièce. Je lui ouvre le battant gauche mais il ne comprend rien, il ne sent pas le souffle printanier sur ses poils, les odeurs de pâquerettes et de fleurs de pommier, il se trémousse contre le carreau fermé, se déportant même un peu vers la droite. Les bourdons sont-ils bêtes ? À peine ai-je pensé cela que je le vois traverser la pièce comme une flèche et sortir par où il était entré.
À défaut de comprendre les bourdons j’ai découvert une vérité générale, car après tout “ce n’est pas aux bourdons que je parle » :
Je te donne le nord, tu trouveras le sud.
(Autre vérité : il y a des gens dont le désarroi est si bourdonnant que l’on se précipite à leur secours et que l’on tombe toujours à côté. Je propose d’appeler ces gens les bombineux.)