Le poète Jean-Paul Michel racontait l’autre soir à la Maison de la poésie qu’en 1966, quand il n’était qu’un lycéen de Brive-la-Gaillarde, il est allé en auto-stop rendre visite à André Breton.
Interrogé un peu plus tard sur ce que représentait pour lui la notion de transmission, il a répondu que dans les années 60-70 il n’était pour lui question que de faire table rase du passé, mais que dans sa poignée de mains à André Breton quelque chose lui avait été définitivement transmis.
La transmission est pour Jean-Paul Michel, loin des grands mouvements sociaux, de l’ordre du toucher : j’ai touché la main de Breton qui a touché la main de Valéry qui a touché la main de Mallarmé qui a touché la main de Baudelaire… C’est une généalogie tactile.
Jean-Paul Michel refusait ses ternes professeurs pour aller toucher la main du grand poète. Mais qui touche-t-on, d’une manière plus indirecte, quand on enseigne dans une classe ? Pour ma part, à une exception près, je ne le sais pas. De même que Monsieur Bihoreau, mon professeur de français de 3ème, ne saura jamais – pas plus que moi cette année-là – que sa voix et son souffle ont fait entrer Verlaine et Tchekhov en moi pour toujours.