Les fêtes nationales commémorent habituellement ce qu’il est convenu d’appeler une victoire, plus ou moins belliqueuse ou conquérante, mais contenant un élément fondateur: prise de Bastille, découverte de Nouveau Monde, indépendance, réunification… Internet m’apprend même que la fête nationale bretonne, Gouel Broadel Breizh, a lieu le 1er août, en souvenir de la bataille de Trans où Alan Barbetorte, dit « le Renard », mit fin en 939 à l’occupation des Vikings.
Il me paraît donc singulier que la fête nationale catalane ait lieu le jour de la capitulation de Barcelone le 11 septembre 1714 devant les troupes espagnoles. Célèbre-t-on Waterloo ? Pourquoi commémorer une défaite, si ce n’est pour entretenir une éternelle rancoeur ? Est-ce le sentiment d’humiliation et de haine envers l’Espagne qui fonde la Catalogne ? N’y a-t-il rien de plus réjouissant dans l’histoire de ce peuple qui incarnait, dans mon enfance franquiste, l’intelligence et l’ouverture ?
« C’est plus compliqué qu’ça », me dira-t-on. ― Alors expliquez-moi.
Mais laissons en attendant la parole à l’écrivain Juan Marsé et à son ami Jaime Gil de Biedma qui appartiennent à cette Catalogne que l’on aimerait retrouver.