L’oiseau de l’aube

Plus souvent disposée à exprimer mes enthousiasmes que mes déceptions, je dirai toutefois que je ne suis pas emballée par cette citation de l’auteur de La Maison, Julien Gaillard, figurant au dos du fascicule ci-contre, et révélatrice à mes yeux du climat de fausse poésie qui règne dans la pièce donnée au théâtre de la Colline :

Cette nuit,
l’oiseau mort
a chanté jusqu’à l’aube.

Une voix en moi dit sévèrement :
― Ce n’est pas parce qu’un oiseau mort chante pour faire original, qu’un alexandrin est coupé en trois pour faire haïku, et qu’un texte est constitué des mots nuit, oiseau, chanté, aube, que l’on a écrit un poème.

Pas si facile, l’oiseau en poésie ! Pour le saisir, « attendre s’il le faut pendant des années », disait Prévert il y a 72 ans.

Mais il se trouve qu’à l’instant où je copiais le texte de Julien Gaillard, j’ai été interrompue par un coup de fil qui l’a suspendu ainsi pendant la durée de ma conversation téléphonique :

Cette nuit
l’oiseau mort
a chanté jusqu’à l’

Pas si mort, l’oiseau dont l’aile efface l’aube !

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