A la fin de l’été, à Tokyo, le corbeau et la cigale se partagent l’espace sonore. Le croassement du corbeau est intermittent, autoritaire, rabat tout, veut planer sur tout. Le chant de la cigale, permanent comme le temps, s’impose avec la discrétion efficace des racines de bambous. On lui fait confiance, trop confiance. Les cigales se tairont bientôt et le corbeau jamais, Edgar Poe le savait.
Un haïku de Shiki dit :
Cigales d’automne, pauvres,
Transies, proies faciles
Pour les galopins
Mais dans une version japonaise de La Cigale et la Fourmi, la Fourmi devient prêteuse et la Cigale prend conscience de la valeur du travail. Les cigales japonaises se taisent l’hiver pour payer leur crédit aux fourmis, indifférentes aux croassements lugubres des corbeaux.