A la question « pourquoi écrivez-vous ? », Blaise Cendrars a donné la réponse la plus définitive : « Parce que ».
Reste la question : « Pour qui écrivez-vous ? » Mireille Gansel dit qu’elle s’adresse toujours à un autre, qui peut être elle-même (d’où la forme épistolaire que prennent volontiers ses textes).
C’est accueillant mais je crois que je préfère la formule de Proust : « Écrire sans penser à personne, pour ce qu’on a en soi d’essentiel et de profond. »
A la question : « Pour qui traduire ? » je répondrais au contraire : « Traduire en pensant à tout le monde, pour ce qu’on veut faire passer d’essentiel et de profond ». C’est comme faire un cours sur un auteur qu’on aime, avec moins de corps à corps avec le public et plus de corps à corps avec l’auteur.