Retenir, saisir

Pierre Dhainaut dit dans Un Art des passages :

Une éclaircie, le poème. L’éclaircie, par principe, est fugitive : si tu veux la retenir, tu n’as rien compris, elle te quitte.

Philippe Jaccottet le dit plus calmement dans une Semaison :

Celui qui saisit un paysage, un moment, une lumière, avec des mots convenables, les guérit provisoirement de cette maladie qu’ont toutes les choses de se dissoudre, de nous échapper.

Et Henri Michaux le met en œuvre plus radicalement dans Saisir, où l’écriture et le dessin avancent parallèlement :

Qui n’a voulu saisir plus, saisir mieux, saisir autrement, et les êtres et les choses, pas avec des mots, ni avec des phonèmes, ni des onomatopées, mais avec des signes graphiques ?

Qui n’a voulu un jour faire un abécédaire, un bestiaire, et même tout un vocabulaire, d’où le verbal entièrement serait exclu ?

Si je tentais une fois encore, pour de bon m’ouvrant aux êtres du monde qui se voit.

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