La coquille ne fait point le fruit

Septembre, la saison des noisettes.

Certaines sont rondes, dorées, énormes, et si dures qu’elles sont presque impossibles à casser. On s’arc-boute sur le casse-noix et on se pince le pouce en regrettant le bon vieux caillou qu’on n’a pas ici.
Et elles s’avèrent creuses. Pas même un asticot.
Cette forteresse protégeait le vide.

Il y a comme ça des petites choses qui semblent se tendre vers vous pour devenir des métaphores. « Celle-ci va me convenir aujourd’hui pour les pédants et la pédanterie », me disais-je en jetant ma coquille – c’est-à-dire la noisette entière – à la poubelle.

Puis j’ai ouvert le Prologue de Gargantua :

(…) Il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est exposé. C’est alors que vous vous rendrez compte que l’ingrédient contenu dedans est de bien autre valeur que ne le promettait la boîte.

J’ai ri tout haut des titres que Rabelais invente pour ses soi-disant ouvrages profonds à côté de Gargantua et Pantagruel : Fessepinte, La Dignité des Braguettes, Des Pois au lard assaisonnés d’un commentaire. Et au dernier paragraphe je n’ai pas été gênée qu’il me traite, avec les autres lecteurs, de vit d’âne*, car personne ne connaît la “substantifique moelle” que peut contenir, sous la plume de Rabelais, cet appendice.

*« interpellation à la fois grossière et affectueuse », dit en note le commentateur Guy Demerson.

 

 

 

 

 

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