À Paris
En revenant de chez Monop j’ai croisé une belle grande jeune femme blonde qui pleurait beaucoup. Elle marchait trop vite pour que j’aie le temps de réagir.
Pendant les cent mètres entre Monop et la boulangerie j’ai pensé à tout ce que j’aurais voulu lui dire sur les malheurs, et sur le bonheur quand même.
À Merville
La plage était brillante, ce matin à marée haute. De longues bandes de mousse tremblaient sur la grève. Parfois s’en détachait comme une étoile filante.
À Paris
J’ai rangé des vieux cours et entraperçu la langue de Molière : « Vous n’êtes point gentilhomme, vous n’aurez point ma fille. »
La syntaxe du grand siècle est mon socle.
Et ce blog
… est mon refuge, comme le ventre de l’éléphant de la Bastille pour les deux orphelins de Gavroche.
Les écrivains qui me touchent le plus sont souvent ceux qui oscillent entre quiétude et détresse : Platonov, Vesaas… Ou Nathalie Sarraute : « Qu’on est bien… mais… que se passe-t-il ? »
« Qu’on est bien… mais… que se passe-t-il ? »
Ça ne peut mieux tomber pour décrire ce que je ressens en ce moment. J’ai cru sombrer après cette affreuse opération, mais je remonte et m’émerveille de chaque lumière nouvelle.
“Que se passe-t-il ? Au point que je finisse par en oublier Eurydice, mon double qui erre loin de moi, le plus loin possible, dans ces ténèbres dont je m’évade si laborieusement.
C’est bien la vraie vie que tu décris avec ses ambivalences, ses pleurs et ses sourires; le désir de soutenir l’autre sans y parvenir. Mais parfois aussi, je viens d’en faire l’expérience, plus intensément que jamais : la porte s’ouvre sur un sourire, une main se tend (la tienne par exemple lors de ta visite à Cochin)) que l’on serre contre son cœur Et la joie revenue balaye la douleur. “Qu’on est bien… mais … comment est-ce possible! Parfois la mousse se détache et tout le poids des marées souillées. Ne restent que les étoile qui sont un autre nom de l’amitié. Un abrazo.
que l’on serre dans la sienne, la joie plus forte que la douleur
Entre quiétude et détresse, entre bonace et grain, entre sidération et colère, je viens de reprendre L’île atlantique, de Tony Duvert. À la relecture de ce texte, si poétiquement ravageur, on mesure l’ampleur de la révolution culturelle post-68, et le reflux bien-pensant de cette dernière décennie. Cimetières de novembre, cette lecture est mon petit caillou sur la tombe de Duvert, mort oublié dans une noire misère.
Je ne le connais pas, en effet. Merci !