Je parlais ici il y a trois jours de l’adjectif verbal latin qui, en position d’attribut, exprimait une obligation. Colenda est virtus se traduit mot à mot par : la vertu est devant être pratiquée, et signifie : il faut pratiquer la vertu.
Je me suis souvenue la nuit d’un autre exemple de cet usage de l’adjectif verbal : pendant la troisième Guerre Punique, qui traînait en longueur car les Romains connaissaient “quelques revers et humiliations” (Wikipedia), Caton l’Ancien aurait dit : Delenda est Carthago. / Carthage est devant être détruite. (L’expression il faut détruire Carthage a depuis été réemployée dans d’autres temps et d’autres guerres).
Je lis régulièrement les poignantes chroniques Facebook d’André Markowicz sur la guerre en Ukraine, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que peut-être, pour la plupart des Romains de 150 avant J.-C, détruire Carthage c’était pratiquer la vertu.
André Markowicz rapporte que Vladimir Soloviov, principal propagandiste de Vladimir Poutine, a entamé l’année 2023 avec cette sentence morale : “La vie, c’est très surévalué”.
Variante à peine euphémisée du “viva la muerte” franquiste.
Souvenir :” Delenda est… ” c’est l’expression que Lacan (ou ses sbires, car il était très diminué mentalement à cette époque) employa pour dissoudre l’E.F.P., l’Ecole de Psychanalyse qu’il avait fondée et dont j’étais membre. Cela résonne encore très fort en moi. Terrifiant ce besoin de détruire. Faire tabula rasa est parfois nécessaire, mais cette violence destructrice est terrible. Elle fait pourtant partie de nous, nous le savons. Alors?
Vive la musique et la poésie ! Et vogue la galère dans l’orage ….
Un abrazo
Voguent les galères et volent les mouettes qui picorent ce qu’elles peuvent. Merci pour ton commentaire !
sur mon mur aujourd’hui j’ai publié, republié, en fait un texte de Jankelevitch qui va dans ce sens, ça m’amuse toujours de voir combien nous “pensons” ou “sentons” l’air du temps à peu près en même temps et de la même manière, pour citer la fin du texte: “Et c’est encore au philosophe à rappeler l’évidence: “Ce qui est vraiment extraordinaire, c’est d’avoir vécu une fois. Une chose qui n’arrive qu’une fois dans toute l’éternité. Vous, moi, ce n’est pas personnel à moi. Chacun de nous est quelque chose d’extraordinaire qui ne vit, qui n’apparait qu’une fois dans toute l’histoire du monde. Il n’y en a qu’un comme vous. Il n’y en a qu’un comme moi. Et il y a toute l’éternité. Et cela n’arrivera plus jamais. Comprenez-vous ce que signifient ces deux mots: plus jamais, plus jamais?” ( Jankelevitch Qui suis-je? la manufacture 1986) Cet amour de la vie, Descartes l’exprime de manière magnifique et je crois que c’est ce qui m’a le plus touché chez lui.
Oui, j’ai vu ! J’avais déjà aimé ce texte quand tu l’avais posté la première fois et j’avais dû y mettre ici ma patte, d’ailleurs.
Et pour ce qui est des coïncidences entre nous, j’ai en tête un texte récemment posté par toi sur un tatouage, qui correspondait exactement à une chose secrète dont je m’occupe en ce moment…