J’ai connu deux grands malades qui, chacun à sa manière, ont senti et allégé le désarroi de leurs proches : ma sœur Sibylle et Jacques Robinet.
Dans les deux cas j’ai perçu ‒ à côté d’un intense amour de la vie ‒ une lucidité, une fermeté, une volonté de préparer l’entourage à la disparition.
Et en même temps, en route vers l’ailleurs. Sérénité, besoin d’envol, espérance.
Je lis ce matin quelques poèmes de Pour un tombeau d’Anatole de Mallarmé, petite liasse manuscrite publiée en 1961 par les soins de Jean-Pierre Richard. Ces feuillets évoquent la maladie et la mort d’Anatole, fils du poète, en 1879, à l’âge de huit ans.
Je suis saisie, notamment par ces vers :
Malade
considéré
comme mort
on aime déjà tel objet
« qui le rappelle ! »
ranger
_______
et parfois espoir
crève cette fiction
de mort
« non — il vivra !—