Deux voitures voulant passer ensemble dans le détroit s’accrochent. Le premier conducteur refuse de bouger et bloque la rue : « J’m’en bats les couilles, j’m’en bats les couilles ». Des voitures klaxonnent, des motos coincées zigzaguent, des hommes s’interposent, leurs bras proposent, le conducteur gesticule : « J’m’en bats les couilles, j’m’en bats les couilles ». Combien cet homme a-t-il de couilles pour battre tambour aussi longtemps ? « C’est-yyyy pas fiiiiniiii » trompettent les klaxons. « Et brrrron, et brrron, et ratabrrron » vrombissent les motos en bourdon. « J’m’en/ bats/ les/ couilles/ j’m’en/ bats/ les/couilles » slamme et rappe et ratarappe le conducteur.
En moi s’élève une aria :
« Qu’il est doux d’écouter
le grand concert du monde
du haut de mon balcon. »
« Et qu’il est bon de ne plus enseigner en collège », me dis-je en fermant les volets.
Excellent ! Le concert dans la rue !
Suave mari magno, disait Mme Sempere.