Drastique
On entend dire un peu partout en ce moment que tel pays, tel gouvernement prend (ou ne prend pas) « des mesures drastiques ».
C’est la première fois qu’un tic de langage médiatique me plaît. Un drastique est, selon le dictionnaire de l’Académie, « un purgatif énergique ». Bonne vieille médecine des humeurs peccantes.
Plus généralement drastikos, en grec, signifie ce qui est actif, efficace, et les sonorités du mot m’y font croire : aucune nasale pincée, aucune labiale alanguie… mais je m’aperçois que je ne suis pas la première à remarquer la récente bonne fortune de drastique. Les journalistes du blog Langue sauce piquante (beau titre) s’en sont occupés hier pour le distinguer judicieusement du féroce draconien.
https://www.lemonde.fr/blog/correcteurs/2020/03/17/drastique-ou-draconien/
Alors je me rabats sur un autre mot :
Fortitude
Loin d’être un néologisme de Ségolène Royal, ce mot romain dont parle Cicéron dans son Traité des devoirs signifie « force d’âme » et sera une des quatre vertus cardinales chrétiennes. On voit sur la reproduction ci-dessous que la Fortitude de Giotto n’est pas aérienne comme les vertus théologales d’Espérance ou de Charité que je présentais dans mes billets du mois de janvier. Elle est robuste, pieds sur terre, bâton solide, grand écu armorié d’un lion.
La première fois que j’ai trouvé le mot en français c’est dans un roman de Balzac, je ne sais plus lequel, et j’ai aussitôt eu envie de l’adopter. Fortitude a également séduit mon neveu B. qui aimait lire Balzac et qui avait perdu sa mère peu de temps avant. Ce mot nous plaçait tous les deux dans une même petite bulle balzacienne consolante.
Je trouve encore le vent de la fortitude plus vif que celui de la résilience qui prévaut aujourd’hui, et j’aime inlassablement me confiner dans ces mots vigoureux et désuets que je fais miens.
Par les temps qui courent “fortitude” me convient parfaitement. Je lui trouve un petit air de chevalier du Moyen-Age prêt à partir en croisade. L’image de Giotto me confirme
dans cette perception que ne désavouerait pas Jeanne d’Arc.
Bravo à ‘Patte de mouette” devenue vaillante conquérante! (de bon lignage…)
Un abrazo!
Jacques
Merci Jacques, aguantemos juntos ! Je vais de ce pas regarder le dernier épisode du feuilleton Poezibao. Un abrazo fuerte !
je te suis! fortitude plutôt que résilience et drastique me plait aussi beaucoup, tout cela m’a un petit air sadien qui m’est assez sympathique.
Merci Marie-Paule. Sade, en voilà un qui aurait peut-être des leçons à nous donner en matière de confinement.