Picorage de janvier

En lisant Henry James,

je pense à tous ces cadeaux, bons ou mauvais, que nous font, malgré nous, les morts.

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Sur Simone de Beauvoir

Je crois que son livre La Vieillesse est aussi profond, pertinent et important sur la condition des vieillards que Le Deuxième sexe sur celle des femmes.
Mais j’ai du mal à mourir d’envie de le lire. Autant j’ai été ravie de découvrir à vingt ans qu’on ne naît pas femme, on le devient, autant les analyses du devenir vieillard me rendent morne.

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Le mouvement poreux et changeant de la pensée

En lisant L’Homme sans qualités de Robert Musil, je savoure la manière dont son esprit revient par des réserves ou des précisions sur ce qu’il vient d’énoncer.
Exemple :
Il développe les pensées que remue son personnage dans plusieurs « couches » de son esprit, puis dit :
Bien entendu, il ne faut pas prendre ces couches à la lettre comme s’il s’agissait de différentes profondeurs, de différents sols entassés les uns sur les autres ; elles sont simplement l’expression du mouvement poreux et changeant de la pensée lorsqu’elle se trouve sous l’influence d’émotions très contrastées.

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Chacun sa voie

Agnès Desarthe enfant détestait lire, explique-t-elle à Arnaud Laporte lors d’une Affaire culturelle de décembre dernier sur France Culture. D’origine juive moldave par sa mère, elle avait le sentiment que les “grands auteurs” français n’étaient pas pour elle car elle n’était pas assez raffinée. “Ce qui m’a libérée de mes complexes en me donnant une armature conceptuelle, dit-elle avec enthousiasme, c’est la découverte de l’hypertextualité”.

Exactement ce qui m’a paralysée.

Hier soir, à la librairie Le Monte en l’air à Paris, s’entretenaient avec le journaliste Alain Nicolas les deux écrivains Benoît Colboc et Aurélie Olivier, tous deux issus du monde agricole. Quand quelqu’un dans le public a demandé comment ils en étaient venus à la littérature, Aurélie Olivier a dit : « Par la bibliothèque du CDI de mon lycée. Ils avaient sur leurs rayons la littérature de tous les siècles ». Benoît Colboc a dit : « Par un professeur de français qui m’a fait lire Maupassant. J’ai vu que les paysans avaient une présence dans les livres. »
Un enfant qui n’a pas de livres chez lui n’est donc pas obligé de passer par Gérard Genette pour apprécier la littérature.

Ouf.

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Triptyque avec illustrations de Yomi

 

Premier volet : Plath n’importe où hors du monde

En lisant le Journal de Sylvia Plath, je suis frappée par le nombre d’injonctions qu’elle se donne : « Je dois », « je veux », « je désespère de réussir », entre les récits de cauchemars et les poignantes successions d’extases et de chagrins.
Une énergie folle.
Quelque chose dans les pages de ce Journal me faisait penser au début du poème en prose de Baudelaire Anywhere out of the world : « Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit ».
Et justement, je suis tombée par hasard sur ceci, daté du 31 mai 1959 :
J’ai une idée de livre ou de recueil de nouvelles dont le titre serait : « This Earth Our Hospital », et j’espère que personne n’en aura l’idée avant. J’en pleure de joie.

Illustration de Yomi

Panneau central : Mitchell dans le monde

En regardant la vie et l’œuvre de Joan Mitchell, j’ai pensé que, née en 1925, elle aurait pu être une grande sœur de Sylvia Plath (1931). Elles se ressemblent un peu physiquement : cheveux bien coiffés mais sans chignon, vêtements plus élégants chez Plath que chez Mitchell qui, pratiquant une peinture très physique, adopte exclusivement le pantalon. Toutes les deux se sont tournées jeunes vers les arts, ont navigué entre l’Amérique et l’Europe, ont épousé des hommes qui pratiquaient le même art qu’elles et avec lesquels les relations ont été tumultueuses.
Et chez toutes les deux, une énergie folle.
On voudrait dire : l’une est tournée vers la mort et l’autre vers la vie. Pas de « cloche de verre » qui sépare du monde chez Mitchell. Un lien intime avec la nature, au contraire, et une volonté de fondre les sensations, les émotions et les réminiscences dans la couleur.
Elle affirme : « La peinture c’est l’inverse de la mort, elle permet de survivre, elle permet aussi de vivre ».

Et pourtant.
En parcourant l’exposition de la fondation Louis Vuitton, j’ai remarqué que plusieurs des grandes œuvres ont été peintes après un deuil important. La mort de sa psychanalyste Edrita Fried donne à Mitchell la rage de peindre un grand polyptique de quatre panneaux dorés. Celle de son ami le poète Franck O’Hara lui inspire un triptyque accordé aux trois strophes de son poème « Ode to joy » qui dit : « Il n’y aura plus de mort ».
Aucune sérénité dans cette célébration de la vie et du monde, mais une fébrilité mélancolique qui n’est pas aux antipodes de celle de Sylvia Plath.

Illustration de Yomi

Deuxième volet : Row row et baskets roses

« Row, row », est un diptyque à dominante bleue réalisé par Joan Mitchell après la mort d’une sœur, dont le titre provient d’une comptine « Row, row your boat ».
Mon œil a été attiré par un petit rectangle blanc sur le panneau de gauche qui m’a évoqué un cercueil, et j’ai pensé : « Row, row your boat… Rame, rame sur l’eau bleue de ta toile ».

Dans la grande salle, il y avait une toute petite fille d’environ un an qui essayait de marcher, chaussée de baskets roses. On devinait que c’était les premières chaussures de sa vie, encore toutes propres. Elle en était ravie et se tenait debout, faisait quelques pas, tombait, se relevait, heureuse et concentrée.

Les spectateurs souriaient, oubliant l’exposition pour regarder cette vie en baskets roses qui ignore encore la mort.

Illustrations de Yomi

 

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Détruire Carthage

Je parlais ici il y a trois jours de l’adjectif verbal latin qui, en position d’attribut, exprimait une obligation. Colenda est virtus se traduit mot à mot par : la vertu est devant être pratiquée, et signifie : il faut pratiquer la vertu.

Carthage, photo wikimedia, copiée du blog de voyage “Les vols d’Alexis”

Je me suis souvenue la nuit d’un autre exemple de cet usage de l’adjectif verbal : pendant la troisième Guerre Punique, qui traînait en longueur car les Romains connaissaient “quelques revers et humiliations” (Wikipedia), Caton l’Ancien aurait dit : Delenda est Carthago. / Carthage est devant être détruite. (L’expression il faut détruire Carthage a depuis été réemployée dans d’autres temps et d’autres guerres).

Je lis régulièrement les poignantes chroniques Facebook d’André Markowicz sur la guerre en Ukraine, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que peut-être, pour la plupart des Romains de 150 avant J.-C, détruire Carthage c’était pratiquer la vertu.

André Markowicz rapporte que Vladimir Soloviov, principal propagandiste de Vladimir Poutine, a entamé l’année 2023 avec cette sentence morale : “La vie, c’est très surévalué”.

Variante à peine euphémisée du “viva la muerte” franquiste.

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Ce qui est devant être

À propos d’un camembert que je sortais du frigo, m’est venue hier matin la phrase : « Ce fromage est devant être mangé ».

Cette bizarre tournure – où devant n’est pas préposition mais participe présent – reflétait exactement ce que l’aspect de ce camembert, à vue d’œil et de nez, me suggérait : un état où il devait être mangé très vite.

Je me suis alors souvenue de ma vieille grammaire latine et j’ai consulté le chapitre sur l’emploi des modes : l’adjectif verbal, employé comme attribut, exprime l’obligation.
Ex : Colenda est virtus. La vertu (est devant être) pratiquée. Elle doit être pratiquée. Il faut, on doit pratiquer la vertu.

La partie entre parenthèses donne le mot à mot dont je me suis étrangement souvenue quelque soixante ans plus tard.

Drôle de chose que la syntaxe. C’est comme une colonne vertébrale, ou un Colisée interne dont on retrouve les morceaux dans une vieille grammaire  recollée.

(J’entends à la radio que Léa Salamé demande a son invitée : “Est-ce que vous avez changé de logiciel ?” Puis qu’en 2023 la ville de Pantin va s’appeler Pantine pour favoriser l’égalité hommes-femmes. Je vérifie sur Internet que ce n’est pas une blague et me sens revenue dans notre millénaire. Avec ce qui est.)

À suivre.

 

 

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C’est l’heure des bilans

A peine ai-je écrit ce titre que j’ai envie de regarder dehors.

Vent dans les bambous. Remue en douceur. Et hoche et penche et tremble.
Petite vie des feuilles et des branches
loin des bilans.

C’est le moment de manger du chocolat.

Vers l’âge de trois ans, comme beaucoup d’enfants, je disais des choses drôles sans le vouloir. Mes parents riaient et j’étais ivre, mais pas longtemps, car il y avait une sœur ou un frère qui disaient : « Nathalie a fait son mot d’enfant ».

Je suis encore hors sujet. Il faut croire que les bilans personnels m’ennuient cette année.
Ceux de l’état du monde aussi.

Le temps passe au presque beau.

Bandes blanches entre les peupliers.

Parenthèses tremblantes et fermes.

 

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Petites notes de décembre

Pieds de plomb

Il y a entre les langues de drôles d’écarts.
Par exemple, le Français qui marcherait “avec des pieds de plomb” aurait, imagine-t-on, le pas pesant d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
L’Espagnol qui marche “con piés de plomo” ne touche le sol qu’avec prudence et précaution, dit le dictionnaire de la Real Academia. L’expression pourrait se traduire par   “marcher sur des œufs”, qui évoque, imagine-t-on, chez les Espagnols, une bouillie de tortilla aux éclats de coquilles.

La traduction est un casse-tête.

Un “rompehuevos” ?

Jean de Brunhoff, La Fête à Célesteville

Il y a dans la littérature enfantine de drôles de situations : la famille Babar fait de l’exploration sous-marine en scaphandre et semelles de plomb. Le polisson Arthur s’amuse à retirer ses chaussures, et plus léger qu’un oeuf, remonte à la surface.

Les enfants ne s’en cassent pas la tête.

Illustration de Yomi

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Trouver un ton

Quand on écrit sur un écrivain, il n’est pas facile de trouver un ton qui ne soit ni pédant, ni familier, ni de cette fausse froideur qui se veut intense, avec des phrases brèves, parfois nominales, pour montrer qu’on laisse entendre beaucoup de choses et que c’est au lecteur de continuer le travail. (J’ai en ce moment sur mon bureau un livre de ce type).
J’aime bien les personnes qui, comme Marie-Paule Farina, parlent de Rousseau ou de Flaubert avec un enjouement, une légèreté affectueuse qui n’est pas de la superficialité mais une adhésion souriante. Quant à écrire « l’autobiographie posthume » de Sade, c’est d’une hardiesse dont je ne connais pas d’autre exemple.

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Signe des temps

Je ne m’étais pas promenée sur le boulevard Raspail depuis le siècle dernier. Les immeubles y ont des plaques majestueuses qui ne sont plus de pneumologues, ophtalmologues, cardiologues, gynécologues et oto-rhino-laryngologues, mais de sophrologues, naturopathes, ergothérapeutes, kinésiologues et aromathérapeutes.

Le bien-être se porte mieux que la santé.

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Les ongles d’un ange

Je trouve dans le récit autobiographique de Sylvia Plath Océan 1212-W (du recueil intitulé Le Jour où Mr Prescott est mort) un amour de la mer qui me réjouit :

Je me dis parfois que ma vision de la mer est la chose la plus claire que je possède. L’exilée que je suis la retrouve, comme les pierres « porte-bonheur » pourpres que je ramassais avec un anneau blanc, ou avec la coquille d’une moule bleue à l’intérieur irisé comme les ongles d’un ange.

La comparaison qui clôt la phrase en douceur me fait penser à cette remarque de Michel Deguy : « Le comme, pour configurer ce qui se soustrait ».

C’est la mer qui va se soustraire à la fin de cette nouvelle mélancolique :

Mon père mourut, et nous nous installâmes à l’intérieur des terres. Sur ce, ces neuf premières années de ma vie se scellèrent comme un navire dans une bouteille – beau, inaccessible, suranné, un joli mythe blanc qui s’envole.

Ce récit est considéré à juste titre comme un des chefs d’œuvre de l’autrice. Il n’y a que son titre qui me chiffonne. « Océan 1212-W » est le numéro de téléphone floridien de la maison de la grand-mère. (C’était du temps où les numéros de téléphone avaient des lettres, et les combinés de longs cous noirs de vieille dame).
« 1212-W » est difficile à retenir, comme beaucoup de titres qui comportent des nombres.

(J’ai même du mal avec Fahrenheit 451. Trois chiffres, sans compter les 2 h… Mais la science fiction excuse tout. Quant à 1984… comme la date devait sembler lointaine une quarantaine d’années avant, quand George Orwell écrivit le roman ! Et comme elle nous semble, quarante ans après, lointaine dans l’autre sens !)

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La jeune fille

Je regarde ce « Portrait d’une jeune fille » peint par Kokoschka en 1913 et dont le nom n’est pas indiqué sur le cartel. Je vois une adolescente qui n’a pas encore appris l’art de plaire, qui ne sait pas « faire du charme ». Il me semble la comprendre un peu. Pas de décolleté, pas de nœud dans ses cheveux plats. Son bras gauche est tordu, comme atrophié. Le visage est pâle, triangulaire, le regard sérieux, un peu craintif, mélancolique.

Je pense à l’avenir qui l’attend en relisant les réflexions d’un autre Viennois, de cinq ans son aîné, Stefan Zweig, dans Le Monde d’hier :

Pour protéger les jeunes filles, on ne les laissait pas un instant seules. (…) On contrôlait tous les livres qu’elles lisaient et, avant tout, on les occupait constamment afin de les distraire des pensées dangereuses qui auraient pu les assaillir. (…) Une jeune fille de bonne famille ne devait avoir aucune idée de la conformation du corps masculin, ne devait pas savoir comment les enfants viennent au monde, car cet ange ne devait pas seulement se marier vierge de corps, mais aussi l’âme absolument « pure » (…)

Dans l’attente de tout cet inconnu dont elles étaient exclues, elles rêvaient une existence romantique, mais en même temps leur pudeur s’effarouchait que quelqu’un pût découvrir à quel point leur corps aspirait à des caresses dont elles ne savaient rien de précis.

Cette aspiration mêlée de peur, je l’ai connue aussi dans la deuxième moitié du siècle. Mais à mon époque, si les parents nous voulaient “pures”,  les amis se moquaient des “pucelles effarouchées”, comme s’il avait fallu détruire en l’espace de quelques mois tout ce que des millénaires d’éducation des filles avaient accumulé.

Le hasard du calendrier des expositions parisiennes me porte aussi vers cette très jeune fille qu’a choisie, un peu moins de vingt ans auparavant,  Edvard Munch dans un tableau intitulé plus abstraitement : Puberté (1895). L’adolescente est peinte frontalement, embarrassée de son corps, pieds serrés et mains croisées sur son bas-ventre. La grande ombre violette, comme un personnage fantomatique à sa droite, semble  condenser un passé ancestral, préfigurer un avenir menaçant, symboliser l’angoisse imprécise et intense de la Jeune Fille.

Cette fois, c’est à Ibsen qu’avec Giulio Carlo Argan je souhaite me référer :

Le passage de l’état de jeune fille à celui de femme, forcée par son destin à aimer, à procréer et à mourir, n’est pas pour Munch un événement physio-psychologique, mais un problème social : un des thèmes les plus fréquents de la littérature scandinave, d’Ibsen à Strindberg, est précisément celui de la condition sociale de la femme, du lien profond qui l’attache à la nature et à l’espèce, mais qui limite ou empêche sa participation à la vie active et intellectuelle de la société moderne. (…) Cette petite soeur européenne, ou plutôt nordique, des ingénues primitives de Gauguin, a ceci de différent qu’elle redoute son destin : elle sait qu’il lui faudra évoluer au milieu de censures et d’interdictions qui réprimeront ses instincts naturels et limiteront son existence sociale. Le symbole n’est pas situé au-delà de la réalité : il est quelque chose de mort qui se mêle à la vie.

Rien à rajouter.

 

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Des monuments avec Baudelaire

Eh bien non, les grues rouges insolentes du plasticien Iván Argote n’ont pas encore fini de se déplacer dans ma tête.

P. me montre très à propos cette critique d’art de Baudelaire tirée du Salon de 1859, VIII, Sculpture :

Vous traversez une grande ville vieillie dans la civilisation, une de celles qui contiennent les archives les plus importantes de la vie universelle, et vos yeux sont tirés en haut, sursum at sidera ; car sur les places publiques, aux angles des carrefours, des personnages immobiles, plus grands que ceux qui passent à leurs pieds, vous racontent dans un langage muet les pompeuses légendes de la gloire, de la guerre, de la science et du martyre. Les uns montrent le ciel, où ils ont sans cesse aspiré ; les autres désignent le sol d’où ils se sont élancés. Ils agitent ou contemplent ce qui fut la passion de leur vie et qui en est devenu l’emblème : un outil, une épée, un livre, une torche (…)

Tel est le rôle divin de la sculpture.

Bien sûr, ajoute Baudelaire, cette critique ne s’applique pas à l’art de l’Egypte, ni à celui de la Grèce, ni à celui de Michel Ange, précis comme une science, prodigieux comme le rêve”, ni à toutes les oeuvres qui proviennent d’une “puissance d’expression” et d’une “richesse de sentiment, résultat inévitable d’une imagination profonde” (…)

On conviendra que la statue Du Maréchal Galliéni par Jean Boucher procède moins d’une “imagination profonde” que d’une “pompeuse légende” avec son socle de femmes multiraciales. Si au moins on avait représenté le personnage sur le toit d’un taxi parisien, pour rappeler ceux qu’il a fait réquisitionner pour contribuer à la victoire de l’Ourcq en 1914…

Il paraît que cette statue est régulièrement maltraitée par des militants anticolonialistes : peinture rouge, voile noir comme ci-dessus, inscription “Au musée” (ce qui ne serait pas une mauvaise idée), etc.

 

 

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