« Un léger désespoir »

C’est le titre d’un livre récent de Jacques Ancet.

Fidèle à  ma pratique, je l’ai ouvert au Marché de la poésie à n’importe quelle page et suis tombée sur :

Couché, on croit savoir mais on n’en sait pas plus.
La nuit

Ne porte pas conseil. Au contraire. Elle vous met la
tête à l’envers.

Un élan d’affection m’a donné un petit rire et j’ai lu la première page. Je ne comprends pas toujours pourquoi les poètes parsèment leurs pages d’espaces blancs, mais j’en ai trouvé ici la nécessité évidente. Celle des majuscules aussi, comme autant de petits départs.

J’ai acheté le livre. De tous ceux que j’ai achetés la semaine dernière (maintenant presque tous lus), c’est celui qui me touche le plus.

L’exergue, de Paul Valéry, dit : La beauté c’est ce qui nous désespère.

On est loin de la célèbre phrase d’un personnage de Dostoïevski — un peu vite attribuée à son auteur — et qu’on se répète pour se rassurer : La beauté sauvera le monde.
La beauté n’a jamais rien sauvé et ne sauvera jamais rien.

Ce n’est pas une raison pour ne pas chercher à la frôler :

La beauté est trop violente comme la douleur. Ne la regarde pas.
Ou si tu la regardes, oublie ce que tu vois, garde seulement
Les ombres et la lumière avec ce qui fuit et que tu ne reconnais plus.
Garde le vent qui t’enveloppe mais que tu ne vois pas.
Tu ne sens que ce frôlement et ce léger désespoir qui te guette toujours…

J’en resterai là pour aujourd’hui car ce blog doit rester, lui aussi, léger comme un petit coup de patte
(mais je tiens en réserve d’autres commentaires pour ici ou pour ailleurs).

 

 

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4 réponses à « Un léger désespoir »

  1. Robinet dit :

    Si profond que tu descendes
    la nuit te précède
    éclairée parfois
    de failles dans les ténèbres

    Faible écho, résonance à un poète que j’admire comme toi
    Un abarzo

  2. Merci, Jacques, il y a en effet quelque chose de commun dans votre sens de la vie. Un abrazo

  3. Jacques Ancet est un poète et traducteur que j’admire beaucoup aussi. J’ai lu récemment le deuxième tome des mémoires du poète Antonio Gamoneda (La pobreza, Galaxia Gutenberg 2020). Jacques Ancet a très bien traduit ce poète, me semble-t-il.
    Pierres gravées, Jacques Ancet, Lettres Vives, 1996
    Substances, limites, in Nymphea, traduction Jacques Ancet, La Grande Os, 1997
    Froid de limites, traduction et présentation Jacques Ancet, Lettres Vives, 2000
    Blues castillan, traduction et présentation Jacques Ancet, José Corti, 2004
    Description de mensonge, traduction et présentation Jacques Ancet, José Corti, 2004
    Passion du regard, traduction et présentation Jacques Ancet, Lettres Vives, 2004
    Clarté sans repos, traduction et présentation Jacques Ancet, Arfuyen, 2006
    Cecilia, traduction et présentation Jacques Ancet, Lettres Vives, 2006.
    J’ai été surpris pourtant par un passage assez obscur (pages 190-91):
    ” Eloísa está buscando y ordenando ejemplares de diciones mías y me trae la primera francesa de Libro del frío para preguntarme algo. Ésta es la traducida por Jean-Yves Bérioucy su compañera Martine, publicada en una editorialvde exiliados españoles, y fue el primer libro mío queapareció en Francia. La primera vez que hablamos José Ángel Valente y yo fue en una feria de libros, en París. En el momento en que nos reconocimos, Valente tenía Livre du froid en las manos. Hay otra y más esquinada historia posterior. Jacques Ancet (casualmente, era también el traductor de Valente) que hasta la fecha en que corté las relaciones había traducido todos mis otros libros (no, me equivoco, que Ancet no se atrevió con el Libro de los venenos) y lo sacaron adelante muy bien Jean-Yves y Martine), aprovechó una relevancia transitoria adquirida en Gallimard(explicar la relevancia sería largo y sus causas me traen sin cuidado) para que Gallimard me exigiese que su edición de Libro del frío y de cualquiera otro fuese en traducción de Ancet. Así fue el comienzo y el fin de la pequeña historia. Un hombre principal de Gallimard, en Sarajevo, me parece, le contó a Yvon Le Men -a Yvon acaban de darle el Goncourt de poesía- su enfado porque yo no había aceptado la exigencia. no sé lo que Ancet habrá hecho con su traducción, que será buena en su letra y no tan buena en otros parceres.”

    Antonio Gamoneda, Prix Cervantès 2006, est bien connu en espagne pour son caractère difficile. il a eu des propos souvent très critiques envers les poètes de sa génération: Ángel González, Jaime Gil de Biedma etc.

    Mystères de l’édition et de la traduction.

  4. yomi dit :

    un léger désespoir…
    heureusement que l’on a les poètes pour nous re-rentrer dans nous-même et en ressortir avec un léger sourire de connivence

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