Mon ami Daniel m’envoie par WhatsApp ces photos de la station de métro Plaza de España à Madrid, sur les murs de laquelle des chapitres de Don Quichotte sont imprimés en petits caractères.
« On risque de louper son métro », lui réponds-je.
« Et un torticolis », observe-t-il avec réalisme.
Je me demande avec non moins de réalisme qui va lire ces colonnes minuscules.
Je suggèrerais plutôt quelques bons proverbes de Sancho Panza écrits bien gros, comme :
Vayase el mundo a la sepultura y el vivo a la hogaza.
Que le mort aille à sa tombe et le vivant à sa miche de pain. (I, 19)
Ou, quand Sancho s’échauffe et s’embrouille un peu :
(…) Entre dos muelas cordales nunca pongas tus pulgares », y « a idos de mi casa y qué queréis con mi mujer, no hay responder », y « si da el cántaro en la piedra o la piedra en el cántaro, mal para el cántaro. » (II, 43).
Ne mets pas ton doigt entre le marteau et l’enclume et Hors de chez moi fripon, que cherchais-tu dans ces jupons ? et Si le pot de terre se cogne contre le pot de fer ou le pot de fer contre le pot de terre, tant pis pour le pot de terre. » (Traduction Jean Canavaggio).
Ou cette réflexion de Don Quichotte dont je ne me lasse pas :
Todos los vicios, Sancho, traen un no sé qué de deleite consigo ; pero el de la envidia no trae sino disgustos, rancores y rabias. (II, 8).
Tous les vices, Sancho, apportent avec eux un je-ne-sais-quoi de plaisir, mais l’envie n’apporte que désagrément, rancœur et dépit.