Tambour-trompette

bataclan-photo-564cab96637d6Il y a des hasards de lecture qui vous serrent le cœur. En tournant encore autour de Michel Continuer la lecture

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Saugrenu

L’étymologie est une science parfaitement vaine qui ne renseigne en rien sur le sens véritable d’un mot, dit Michel Leiris dans La Révolution surréaliste.

Antonin Artaud enchaîne vigoureusement : Oui, voici maintenant le seul usage auquel puisse servir désormais le langage, un moyen de folie, d’élimination de la pensée, de rupture, le dédale des déraisons, et non pas un DICTIONNAIRE où tels cuistres des environs de la Seine canalisent leurs rétrécissements spirituels.

page1-400px-La_Révolution_surréaliste,_n03,_1925.djvuÉchauffée par ces déclarations, j’ai empoigné le mot saugrenu qui me grattait la cervelle ce jour-là pour en jeter une définition révolutionnaire. Puis ‒ scrupule ou curiosité ‒ j’ai consulté le dictionnaire étymologique Bloch et Wartburg :

Saugrenu provient de l’adjectif “grenu”, composante du mot “saugreneux” ou  “saugrenée” que l’on trouve chez Rabelais, sorte de purée de pois composée de sel et de grain.

Et il m’a fallu reconnaître que les définitions de l’Académie – tout comme le blog culinaire de Greta Garbure – peuvent être plus féconds et saugrenus que  ma fantaisie.

salade-de-fc3a8ves-via-nanaka-cuisineblog-fr Saugrenée serait un nom appétissant pour une maison d’édition, une revue, un blog, un recueil d’aphorismes.

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Petite gaieté

Je ne sais pas bien ce qu’est l’inspiration. Je connais en revanche un état que j’appellerais  “petite gaieté” qui me pousse à écrire des choses courtes et frétillantes.

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Percatar et romans russes

Souvent des mots me viennent et tintent et me tiennent et se répètent. Aujourd’hui le verbe espagnol percatar est le pic-vert qui claque la mitraillette de son bec dans ma tête : percatar-percatar-percatar.

Percatarse veut dire “s’apercevoir”, affadi en français par le suçotement des cédilles.  “Percuter”, traduirait-on en djeun’s.

Perspicace m’a sauté aux oreilles dans une page du roman de Gontcharov Oblomov. Le coup d’œil perspicace de l’ami Stolz, comme les consonnes percutantes de son nom, entrouvrent les yeux mi-clos d’un Oblomov somnolent de mollesse.

A propos de personnages de romans russes, je n’ai jamais pu m’habituer dans Crime et châtiment à ce que Raskolnikov ait pour prénom Rodion, comme s’il emmaillotait sa hache et ses tourments dans une pelote de laine ou un Damart.

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Une peau pour un blog

Contenu sans contenant palpable, un blog n’a pas de peau, pas de contours, pas de couverture, pas de support manipulable, pas de prix, pas de nombre d’exemplaires. On ne sait ni où on le commence ni où on le finit car sa fin devient son début. Ses lecteurs sont virtuels, hasardeux, fantomatiques, glissant là par hasard pour rebondir ailleurs.

Il arrive bien sûr que des billets de blog soient rassemblés en livre.

SuiedUn cas émouvant est celui du blog de poésie tenu par Alain Suied pendant la dernière année de sa vie, entre 2007 et 2008 : Sur le seuil invisible, testament poétique qu’il Continuer la lecture

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Une dame d’âge

À Merville l’été dernier, une dame d’âge en maillot de bain un peu rentré dans les fesses ramassait le long de la laisse de mer les canettes de bière cabossées, les vieux gants de ménage, les cartouches de carabine, les papiers de bonbons et les tongs hors d’usage. J’ai émis trois hypothèses :

‒ Un vœu à Sainte Thérèse de Lisieux et dans ce cas c’est une femme heureuse.
‒ Une écolo indépendante soucieuse du littoral et dans ce cas c’est une femme amère.
‒ Une mouette glanant chaque jour ce qu’elle trouve à marée basse et dans ce cas c’est mon
amie.

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En marge du billet « Marges »

goya-le-pantinGoya : El Pelele (le Pantin, Madrid, musée du Prado)

Un blog n’a pas de marge visible. A vrai dire un blog est lui-même une marge, donc dans le cas du présent billet, marge de marge de marge. A moins que, dans l’ordre chronologique inversé des blogs,  ce soit le billet précédent qui constitue la marge de celui-ci.

Je dis qu’un blog est lui-même une marge parce que les blogs d’auteurs sont souvent des franges, des lisières de leurs œuvres : espaces de promotion, laboratoires, carnets de notes retravaillés.

Et moi ? Mes pattes de mouette avancent sur des bandes côtières, laisses d’une mer intérieure que je distingue mal.

Le 25 décembre, par exemple, j’ai fait sauter ici l’amiral Carrero Blanco et j’en ai éprouvé Continuer la lecture

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Marges

La griffomane préfère les cahiers avec marges. Marge de manœuvre : centre apparent et centre réel.

En grammaire, j’aimais bien la notion de sujet apparent et de sujet réel, j’aurais aimé que cela concerne plus de verbes. Quand j’ai fait de la linguistique ces termes ont disparu. La pratique de la psychanalyse m’a mieux convenu.

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Passage Saint-Pierre Amelot

2016-01-05 09.02.15S’avancent vers moi trois militaires en treillis, fusils pointés. Un cameraman et une journaliste à micro les accompagnent.
La journaliste me demande :
― Une question pour France 2 : est-ce que la présence des forces armées dans ce quartier du Bataclan vous rassure ?

Si je n’avais pas eu l’esprit d’escalier et la crainte des caméras j’aurais répondu : Continuer la lecture

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Presque histoire

Sur la plage de Merville, Madame Bâillon de Noyé dit à son mari :
― Moi, je suis pas petit chien…
Rébellion ? Je tends l’oreille.
― Je suis très gros chien.

 

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