À Merville l’été dernier, une dame d’âge en maillot de bain un peu rentré dans les fesses ramassait le long de la laisse de mer les canettes de bière cabossées, les vieux gants de ménage, les cartouches de carabine, les papiers de bonbons et les tongs hors d’usage. J’ai émis trois hypothèses :
‒ Un vœu à Sainte Thérèse de Lisieux et dans ce cas c’est une femme heureuse.
‒ Une écolo indépendante soucieuse du littoral et dans ce cas c’est une femme amère.
‒ Une mouette glanant chaque jour ce qu’elle trouve à marée basse et dans ce cas c’est mon
amie.
Je vous imagine bien dans votre nid douillet, chère Nathalie, voluptueusement couchée sur un lit de gants en caoutchouc troués, une canette cabossée sous l’aile, fumant une cartouche, contemplant entre les semelles de vieilles tongs tridactyles et ressemelées l’or du soir qui tombe et les voiles au loin descendant vers Harfleur.