En marge du billet « Marges »

goya-le-pantinGoya : El Pelele (le Pantin, Madrid, musée du Prado)

Un blog n’a pas de marge visible. A vrai dire un blog est lui-même une marge, donc dans le cas du présent billet, marge de marge de marge. A moins que, dans l’ordre chronologique inversé des blogs,  ce soit le billet précédent qui constitue la marge de celui-ci.

Je dis qu’un blog est lui-même une marge parce que les blogs d’auteurs sont souvent des franges, des lisières de leurs œuvres : espaces de promotion, laboratoires, carnets de notes retravaillés.

Et moi ? Mes pattes de mouette avancent sur des bandes côtières, laisses d’une mer intérieure que je distingue mal.

Le 25 décembre, par exemple, j’ai fait sauter ici l’amiral Carrero Blanco et j’en ai éprouvé une jubilation aussi intense que celle de mes neveux quand ils s’en prenaient à une grande poupée bouffie très laide et très bête qu’ils appelaient la Pouffiasse. Ils exerçaient sur elle les pires sévices, la jetant et la rejetant par la fenêtre, la traînant par ses gros cheveux de laine jaune, la suspendant à une poutre par une de ses grosses jambes molles. Les filles restaient un peu en retrait, choquées et fascinées. Parfois elles prêtaient main forte aux bourreaux avec des rires nerveux, sans savoir très bien si elles immolaient la femme en général, les filles bêtes et laides en particulier, ou une image bête des filles qu’elles refusaient.

goya-enfants-gonflantGoya : Enfants gonflant une vessie (Madrid, musée du Prado)

Qui est-ce que je veux faire sauter à travers Carrero Blanco, ce vieux pelele franquiste aussi inoffensif aujourd’hui que la Pouffiasse ? Pourquoi lancer des noms comme des ballons d’essai, des globos de ensayo ? Pourquoi cette envie de faire péter les noms, les amiraux du Caudillo et sûrement d’autres choses ? Et qu’est-ce que ce billet plus long que celui dont il est la marge, comme ces notes soi-disant de bas de page qui en occupent la moitié, d’une écriture microscopique, et qu’on hésite à lire sans se décider à ne pas les lire ?

A cette question rhétorique voici par hasard une petite réponse, surgie d’un extrait du journal de Michel Chaillou : « La langue déborde le sujet apparent, l’entraîne ailleurs. Où ? Elle ne sait. »

Sujet apparent et sujet réel, à découvrir en avançant.

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