Un samedi de janvier aux Tuileries

En sortant de l’Orangerie je décide de remonter le jardin à pied. Bien m’en prend.

L’arbre est massif, fendu, mutilé. Sans racine et sans bourgeon, n’appelant aucune brise.

Cette sculpture en bronze de 1997 s’appelle Manus ultimus. (Ce qui me surprend dans ce nom tragique, c’est le “-us ” d’ultimus. Manus est un nom féminin et j’entendrais plutôt “ultima manus”.) Mais continuons.

La sculptrice Magdalena Abakanowicz explique son oeuvre, appartenant à une série nommée Hands like trees : « J’ai vu une foule de mains votant, et une autre foule de mains en colère, manifestant. Elles rappelaient des branches. J’ai vu des arbres aux branches tendues dans un geste pathétique semblable à des mains ».

Mais ce que Magdalena Abakanowicz n’a pas pu voir, c’est la mouette à gorge blanche au sommet du moignon. Voilà qui allège l’allégorie.

Ceci m’a fait penser au mot espérance que l’on n’emploie plus beaucoup et que j’ai remarqué dans le dernier livre de Jacques Robinet.

Transparence de l’air, liberté des oiseaux, appels multiples qui sillonnent le ciel.

Grand ménage de l’espérance qui se redresse, malgré la fatigue, les jambes lourdes, la mémoire poreuse, les deuils accumulés, l’imminence d’une nuit sans retour (p. 48).

Espérance et force d’âme, comme des mouettes posées sur les mains ultimes.

Giotto, Chapelle Scrovegni, Padoue : “Spes”

Voir encore Giotto sur ce blog avec une autre vertu théologale http://patte-de-mouette.fr/?s=empathie+et+charit%C3%A9

 

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2 réponses à Un samedi de janvier aux Tuileries

  1. robinet dit :

    Chère Nathalie,
    Merci pour cette référence à mon livre. Je suis très touché que tu en retiennes l’espérance, conquête de haute lutte tout au long de ma vie. C’est en effet une mouette fragile sur un tronc défeuillé. N’est-ce pas étrange ce retour des mouettes à Paris, loin des plages de l’Atlantique, si loin de la mer? Un abrazo! Jacques

    • Ton livre exprime et inspire la force d’âme (fille de l’espérance ?) qui nous éloigne du pathétisme.
      P.S. La photo de la couverture de ton livre est sortie plus criarde que dans la réalité, mais je dirai, pour m’excuser auprès de Renaud Allirand, qu’elle va bien avec ma photo des Tuileries !

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