L’autre soir à la télévision une jeune promeneuse enjouée expliquait au reporter : « Quand tu rencontres quelqu’un qui t’plaît, c’est gênant de lui d’mander au moment de s’embrasser : ‒ Tu vas m’filer l’corona ? »
Cette année la saison des amours semble meilleure pour les oiseaux que pour les humains.
Mais les oiseaux ne connaissent pas les sites de « rencontre virtuelle » dont la fréquentation était en grande hausse ces derniers mois.
Je repense aux romanciers qui savent décrire l’amour de loin.
J’ai lu il y a assez longtemps Le Dieu des petits riens de l’écrivaine indienne Arundathi Roy. Comme une adolescente, j’avais été emportée par l’ardente passion du serviteur intouchable Velutha – un intouchable au nom velouté ‒ pour une femme de caste supérieure dont j’ai oublié le nom.
Toute l’intensité passait dans des présences et des silences insolemment respectueux accompagnés de regards brûlants.
Puis, les deux êtres bravaient l’interdit social, se touchaient enfin, et le livre plongeait dans la banalité.
P.S. Au moment de publier ce billet, je m’aperçois qu’une chronique du Monde de ce soir traite du même sujet en prévoyant que cet été “sexualité rimera avec austérité”.
Ah que les démons nous pardonnent !
Retour obligé à l’amour courtois…
C’est pas si mal !
Mais quelquefois on envie les oiseaux !
l’amour de loin, l’amour des Passants, l’amour interdit, l’amour des interdits, l’amour qu’on n’ose pas, qu’on ne doit pas. Les virus ne changent rien de tout. Mais aussi, ca change tout.
Tu parles d’or, Ken !