Pour Marie-Paule Farina
Une guide nous détaille la prise de la batterie allemande de Longues-sur-Mer, près d’Arromanches, dans la journée du 7 juin 1944 par les soldats britanniques du Devonshire. A la fin de son explication, la voix d’un vieil homme s’élève de notre groupe de visiteurs : “Ça devrait pas exister, la guerre… Moi j’ai fait l’Algérie, regardez ». Il remonte son short et nous voyons deux immenses cicatrices sur la face externe et interne de sa cuisse : “L’artillerie, croyez-moi, ça s’oublie pas… Et je suis là. » Tout le monde regarde, la guide sympathise et dit : “Moi je n’ai pas connu la guerre mais je suis normande et mes grands-parents m’ont raconté. J’ai été élevée avec ça.” Un touriste local dit : « Ma mère, quand elle m’en parle, elle a encore des larmes. »
Concentration d’émotion, soudain, sur cette falaise.
Un peu plus loin, un petit garçon monte sur un bunker et dit à son père d’un air connaisseur : « Pourquoi ils ont enlevé les culasses ? »
merci Nathalie d’avoir pensé à moi. Toutes les guerres laissent des cicatrices profondes, malheureusement, je ne sais qui a dit avec raison que s’il y avait une leçon à tirer de l’histoire c’est que l’on ne tire jamais de leçon de l’histoire, et ton petit garçon que des canons sans culasses n’intéressent pas en est la parfaite illustration.
J’ai pensé en particulier, bien sûr, à ces images de guerre que tu évoquais l’autre jour dans ton beau texte sur l’Algérie des années 60.
Hélas! j’ai connu la guerre d’Algérie… Pas de cicatrices corporelles, mais des bleus à l’âme, ineffaçables… Oui, jamais plus la guerre! Les générations se succèdent en formulant le même vœu pieux, avant de se combattre avec des moyens accrus! Depuis Caïn, le mauvais sang déborde!
Un abrazo
Je me souviens aussi d’un texte saisissant sur l’Algérie au début de “La Monnaie des jours”.
Un abrazo