Ce nom de station de métro m’attire d’autant plus qu’il est accompagné de “Musée Marmottan”… Wikipedia m’informe qu’il provient du château de La Muette, et qu’il est probablement issu, par métathèse, de la meute dont se servait le propriétaire pour chasser dans le Bois de Boulogne. Meute muette et muse marmotte… C’est étrange et tranquille comme le château de la Belle au Bois Dormant.
Mais plutôt que de château je voudrais parler aujourd’hui d’écriture, avec la question : “Pour qui écrit-on ?”, et en donnant à la préposition le sens de “À la place de”.
À la place de qui écrit-on ?
Me passionne d’avance un livre acheté la semaine dernière au Marché de la Poésie et dont je n’ai encore lu que la première phrase :« L’autre matin je me suis réveillée muette ».
Comme la vermine de Kafka ?
Dans ce livre déjà vibrant pour moi, je me demande, pour avoir lu d’autres œuvres de Christiane Veschambre, si derrière cette narratrice subitement muette ne se profile pas le fantôme d’une Muette ancienne, mystérieuse source analphabète de son écriture. Je formulerai des hypothèses plus solides dans un prochain billet sur ce livre qui, comme tous ceux de son auteure, va sans doute déjouer mes suppositions.
En attendant je me tourne vers Gérard Macé.
Muta musa ?
La dernière séquence de son livre Colportage évoque le tableau de Raphaël intitulé La Muta, la Muette. Les dernières lignes du texte suggèrent ce qu’il avait dit plus explicitement à la fin des Trois coffrets :
Si ce visage m’a hanté dès que je l’ai vu, dans le journal qui le reproduisait en noir et blanc, ce n’est pas seulement parce qu’il est une allégorie du silence, un emblème de la chose peinte : c’est que nos mères lui ressemblent, avec leur façon jalouse de garder un secret.
Ce que la mienne gardait pour elle tenait sans doute en une phrase, autour de laquelle je tourne en écrivant.
Douleurs muettes, analphabètes, et rêves enterrés des femmes d’autrefois. C’est peut-être autour d’elles qu’on tourne en écrivant.
(À suivre)
Votre talent à dénicher de la poésie partout me laisse… muet.
Mais moi qui possède sûrement moins de livres que vous, je ne sais déjà pas où les ranger ; comment faites-vous ?
Amicalement,
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