Je fais la queue derrière une femme qui essaie un massicot avec le vendeur, un jeune homme d’aspect cotonneux.
Une autre femme surgit et s’écrie avec alarme : « Attention, vous allez vous couper ! ».
La femme au massicot la fend du regard. Le vendeur cotonneux se redresse, prend forme. Soudain tout est devenu glacial. L’autre est la folle. À Office-dépôt il y a une folle. Elle bredouille : « Excusez-moi, mais des accidents se produisent quelquefois… » et se range derrière moi. Les deux parangons de la normalité se remettent à leurs massicots.
Je règle mes achats en m’efforçant de prendre l’air le plus normal possible et je sors.
Je trouve dans la chute une réminiscence d’Henri Michaux. Mais le jeu des personnages est bien de vous, et il est unique.
Si la chute ressemble à du Michaux, c’est du Michaux vécu ! J’ai même renoncé à demander aux vendeurs de m’indiquer une rue que je cherchais, de peur d’avoir l’air égaré.
Ça massicote dur en ce moment! Regard glacial d’un Poutine. Appels à la raison des autres. On règle ses achats. La facture à venir s’aggrave et chacun se demande comment sauver ses billes avant qu’il ne soit trop tard! On fait le dos rond en attendant.
Pardon pour cette diversion d’actualité que me suggère le regard de la “coupeuse”…
Un abrazo
Voici un petit tableau comme je les aime : vif, concis, narquois, à la manière des caricatures du regretté Chaval.
Un merci concis, Dany.