Il y a dans le monde hispanique une chose irremplaçable, el cariño.
Il peut se traduire par tendresse, affection, mais c’est aussi une attention à autrui (que l’on trouve dans le mot anglais care, aujourd’hui bien galvaudé), et une manière amicale, sensible, confiante d’être en société.
Ayant été amenée, grâce à l’éditeur Charles Mérigot, à fréquenter des professionnels du livre des deux côtés des Pyrénées, je m’amuse à comparer les courriers envoyés d’un éditeur à l’autre. Du côté espagnol, on tutoie. Du côté français, on vouvoie. La fin d’un courrier français est : Bien à vous, Bien amicalement. La fin d’un courrier espagnol est : Un abrazo (accolade familière). Quand un Espagnol s’efforce d’écrire son abrazo final en français, cela peut devenir : Un câlin (1ère traduction de « abrazo » dans le dictionnaire bilingue Reverso !)
***
Une librairie hispanophone – la seule qui restait – va fermer ses portes à Paris.
Elle s’appelle – s’appelait – s’appelle encore Cariño.
Nous allons essayer, si nous le pouvons, de contribuer à la préserver.
cariño
goutte d’eau tremblante, exténuée de douceur
nulle cruauté ne pourra suspendre ta caresse
un abrazo que no puedo traducir.
Merci pour ce poème…