Eloge des parenthèses

« Soudain des parties de moi surgissent entre parenthèses », dit Roberto Juarroz (Fragments verticaux, 87).

Les parenthèses sont les meilleurs lieux pour se surprendre. Je rêve d’une écriture-parenthèse où surgit ce qu’on croyait relégué.

Filaments d’intériorité. Comme des ailes qui poussent dans le corps des phrases et font voler des bribes de pensées.

Il y a dans la parenthèse quelque chose de furtif qui me rassure et me stimule.
Elle est modeste (ou faussement modeste car elle contient du développement, du déploiement (notamment quand on met des parenthèses dans les parenthèses comme les filandres de pensée des bavards)).

 

Les parenthèses ressemblent à mes bambous.

Ça remue à tous les vents.

 

Elles sont parfois de l’ordre de la trêve.

Comme un arc-en-ciel.

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4 réponses à Eloge des parenthèses

  1. jacques robinet dit :

    La vieillesse rassemble ses murmures. Tout ce qui brillait d’un éclat trop vif se replie dans l’ombre comme une confidence discrète qui se cache entre parenthèses. C’est beau ce que tu dis de la trêve. Exactement ce que je pense actuellement. On dépose les armes dans ce qui ressemble au berceau que referment les parenthèses. C’est le temps d’un soupir ou d’un rêve fugitif sur les lèvres d’un enfant qui repose dans les replis du langage. C’est cela aussi une parenthèse : un repos, un écart, une mise à l’abri, une protection. Merci pour le rêve !
    Un abrazo

    • Dans ce livre de Juarroz il y a des choses qui me font penser à toi. Exemple : “Comment savoir ce qu’une porte ouvre lorsqu’elle se ferme ?” Ou : “Nul ne sait ce qu’il peut ou ce qu’il ne peut pas. A l’égal de l’arbre, l’homme n’est pas le maître de son ombre”.

  2. Dany Pinson dit :

    Au-delà des bambous, ce grand arbre me plaît bien, avec ses branches se battant en tous sens, furieusement, comme pour se débarrasser de feuilles trop vertes pour la saison, et jeter l’arc-en-ciel par-dessus les moulins.

    • Le grand arbre que j’aime aussi beaucoup est en fait un pin. Les soirs de beau temps le tronc tordu devient orange vif pendant cinq minutes. Les feuilles appartiennent à des peupliers au-delà du pin. La photo fait partie d’un stock d’été, c’est pour ça qu’il y a des feuilles. (Je voulais surtout en trouver une qui rassemble arc-en-ciel et bambous, en rapport avec les parenthèses).

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