Une dédicace

Au salon de L’Autre Livre à Paris, je bavarde un peu avec les éditeurs du Temps qu’il fait. J’achète un livre de Joël Cornuault dont le titre me plaît et l’exergue m’enchante :

Je suis, en effet, un rêveur de mots, un rêveur de mots écrits.
Je crois lire. Un mot m’arrête. Je quitte la page.

Gaston Bachelard, La Poétique de la rêverie.

J’exprime à haute voix mon enthousiasme et un des éditeurs me dit : “Joël Cornuault est dans les parages, il va pouvoir vous le dédicacer”.
Je réponds : “Oh, je n’y tiens pas plus que ça. Les dédicaces me touchent quand elles proviennent de gens que je connais personnellement, sinon…” L’éditeur renchérit : “En effet… Nous recevons quantité de livres dédicacés, et ma foi… Mais les auteurs aiment faire les dédicaces.”

À ce moment arrive Joël Cornuault. Quelqu’un dit : “Nous parlions de dédicaces… Tu aimes les faire ?” Joël Cornuault répond, farouche : “J’ai horreur de ça”. Rires. Je dis :  “Oh, je vous comprends, ne m’en faites pas…” Mais soudain je pense au Lièvre de Mars dans Alice au pays des merveilles : “Ou bien… vous pourriez me faire une non-dédicace ?”  Petit silence. L’éditeur regarde Joël Cornuault. Qui finit par dire : “Comment vous appelez-vous ?…” Il prend le livre. Voici le résultat :

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4 réponses à Une dédicace

  1. Jacques Lèbre dit :

    Bonjour, Nathalie,
    j’ai transmis aux intéressés, amusés
    et j’aime beaucoup ce qu’écrit Joël Cornuault !
    Bien amicalement

  2. Isabelle Marrier dit :

    Avec retard et lentement – mais avec bonheur – je reprends la lecture de votre blog et m’arrête à cette entrée.
    Ah oui ! les dédicaces ! Cela devrait être une joie, le coeur battant un peu vite, n’est-ce pas une espèce de déclaration d’amitié, au moins une promesse de connivence entre l’auteur qui offre son écrit tout nu et le futur lecteur ? Ou bien, l’occasion d’un joli mot, peut-être une légère rosserie, un clin d’oeil, un jeu de salon ? Eh bien, non. D’abord, il y a cet horreur des “services de presse”. Parfois des centaines d’exemplaires à signer, et l’auteur se donne du mal, hein, des ahans de porteurs d’eau, pour trouver quelque formule attachante, qui retienne l’attention, qui suscite “un sourire qui ne soit pas sinistre”, qui pourrait faire écho à quelque préoccupation de son destinataire. Tout cela pour rien. Pas un remerciement, ni même un accusé de réception. On a tendu la main et écrit dans le vide. C’est comme ça, c’est la règle du jeu, parait-il. On se jure, que des dédicaces plus jamais…et comme la contradiction est la loi du coeur, quand un proche, ne vous en réclame pas, on est vexé ! Sinon, je m’en vais de ce pas découvrir l’oeuvre de Joël Cornuault !

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