Au marché, dans la queue, un vieillard : de sa narine broussailleuse pend une goutte de plus d’un centimètre, brillant au soleil levant comme une stalactite de glace. Sa voix est aussi tremblante que sa goutte. Je renifle un peu fort. Une femme derrière moi s’essuie le nez. Rien n’y fait.
Avenue de la République, une jeune fille, de dos : sa chevelure dorée et bouclée descend jusqu’à sa taille. Maintenant je la vois de profil. En larmes. Un jeune homme lui parle doucement, peut-être pour lui dire qu’il s’en va, peut-être pour la consoler de celui qui s’en est allé.
De retour chez moi je refais le monde, comme dirait ma tante Marie : en 2025 les vieillards devront se moucher et les jeunes filles arrêter de pleurer.
Vous êtes si sensible, Nathalie. C’est le plus de vos mini-nouvelles sur celles de Fénéon.
Merci, François ! Votre sensibilité me touche 🙂
… et si les vieillards se mettaient à pleurer et les jeunes filles à renifler…
🙂 Mais le pire est que ce vieillard ne reniflait pas, et que nous étions plusieurs à essayer discrètement de le lui suggérer !