Il me plaît en ce moment d’évoquer des vieilles chansons. Après celle de L’Auvergnat de Brassens, il y en a une, d’un tout autre style, qui me trotte parfois dans la tête et me met en joie : Tu veux ou tu veux pas, chantée en 1969 par le jazzman clarinettiste Marcel Zanini (qui d’ailleurs a occasionnellement joué avec Georges Brassens).
Pour ma part, ayant appartenu à une génération de filles qui se devaient de “vouloir” sans ambiguïté sous peine de passer pour “allumeuses”, “coincées” ou “mijaurées”, j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog du « vorrei e non vorrei » de la Zerlina de Mozart dans son duo avec Don Giovanni. J’avais également évoqué l’écheveau des désirs du personnage de l’adolescent Ernesto, dans le récit autobiographique du même nom d’Umberto Saba, écheveau emmêlé de façon plus complexe, à mon avis, que ce qu’a proclamé la critique des années 70.*
Ce qui rend irrésistiblement drôle la chanson de Marcel Zanini, c’est que ce quadragénaire (actuellement nonagénaire), coiffé d’un bob comme un petit garçon, pose sa question avec une assurance tranchante que contredisent sa voix nasillarde, sa démarche maladroite et les tics de son visage.
Tu veux ou tu veux pas
Si tu veux, c’est bien
Si tu veux pas, tant pis
Si tu veux pas, j’en ferai pas une maladie
Oui, mais voilà, réponds-moi non ou bien oui
C’est comme ci ou comme ça
Ou tu veux ou tu veux pas
Tu veux ou tu veux pas
Toi tu dis noir et après tu dis blanc
C’est noir, c’est noir
Oui mais si c’est blanc, c’est blanc
C’est noir ou blanc mais ce n’est pas noir et blanc
C’est comme ci ou comme ça
Ou tu veux ou tu veux pas
La vie, oui c’est une gymnastique
Et c’est comme la musique
Y a du mauvais et du bon
La vie, pour moi elle est magnifique
Pour pas que tu la compliques
Par des hésitations (…)
Et voici la chute :
Quoi
Ah tu dis oui
Ah et bien moi j’veux plus
Ouh la la
Oui, la vie c’est une magnifique gymnastique. Quant au désir… Ouh la la.
* Voir billets des 9 et 30 janvier 2020.
Je vous rejoins absolument à propos des chansons. Elles commencent doucement dès le réveil, puis l’une ou l’autre s’impose avec une force considérable au milieu d’activités plus sérieuses. Hier, c’était Je me fous du monde entier Quand Frédéric me rappelle Les amours de nos quinze ans… Aujourd’hui, Moi, j’aime le music-hall.
Et je vous souhaite une belle journée ensoleillée comme nous avons ici en Orléans.
Frédéric, les copains des perrons aujourd’hui dispersé aux quatre vents… Vous faites remonter à la surface de ma mémoire cette chanson tendre et nostalgique qui ne m’avait pas visité depuis longtemps. Merci !
“C’est noir ou blanc mais ce n’est pas noir et blanc”. Hélas! c’est toujours plutôt confus quoiqu’on veuille… C’est pourquoi le gris devient si fréquent avec l’âge. Mais qui ne se souvient avec nostalgie des couleurs tranchées d’autrefois ? Quand le désir aveugle se fracassait trop souvent contre un mur ou explosait parfois en grand feu de joie… Un abrazo