Je connaissais l’épicerie la Confianza par l’éditeur de la Ramonda Charles Mérigot que les professionnels du livre regrettent tant aujourd’hui en Aragon. Il s’y rendait pour acheter des bonbons Sugus chaque fois que se déroulait à Huesca un Salon du Livre. Je trouvais le lieu extraordinaire ainsi que sa patronne, María Jesús Sanvicente, sans savoir encore qu’il possède une fiche Wikipedia, des articles dans El País, le New York Times, le Herald Tribune, cinq étoiles sur Trip advisor… Sans savoir non plus qu’il est inscrit au Patrimoine historique commercial de l’humanité.
Un écriteau dit à la porte : « Prière d’acheter quelque chose si vous entrez », tant les touristes se bousculent pour photographier.
La semaine dernière, lors de mon séjour à Huesca, je suis entrée et me suis présentée à María Jesús comme une amie de Charles. Elle a aussitôt interrompu ses rangements de rayons et m’a dit, et répété : « Quelle tristesse… Quel homme extraordinaire… Si humble, si humble, et si savant. Il avait toujours des livres avec lui… Un jour je lui ai dit que je pourrais pas lire ses livres, que je ne sais pas le français, et lui, au lieu de me proposer d’en acheter une version espagnole, m’a répondu que ça n’avait aucune importance, et je l’ai apprécié pour ça. Si humble et si savant…», disait-elle encore et encore avec bonté.
Je lui ai acheté une bouteille d’huile d’olive choisie par elle : « C’est le pressoir d’un ami dans un village d’à côté. Ses enfants vont à la même école que mes petits-enfants, et quand on se rencontre je lui dis parfois : Descends-moi quelques bouteilles. »
J’ai pris aussi une boîte de massepains à la châtaigne : « Ah, ça ce sont trois sœurs qui les font… »
Tout a une histoire, les produits comme les gens qui les font. Sous ces plafonds peints, ces murs ornés de miroirs, ces tiroirs cirés et décorés, on est bien loin des commerçants qui vendent « en direct de la ferme », « circuit court, local », « agriculture raisonnée », dans leurs caisses en bois posées sur de grossiers planchers marronnasses, disjoints et pleins de nœuds.
Et j’ose à peine dire que chez María Jesús Sanvicente tout est vrai et authentique, car ces adjectifs sont devenus faux et inauthentiques.
Mais quelle boutique aurait aujourd’hui l’idée de porter le merveilleux nom de La Confiance ?
Tienda de ultramarinos… Des amis espagnols m’ont dit que le terme ne s’utilisait plus, je le vois écrit sur la devanture.
Très belle boutique et bel hommage à notre ami Charles et à la confiance qui nous manque tant aujourd’hui, tout comme lui.
Ça donne envie d’aller à Huesca…
https://elcomidista.elpais.com/elcomidista/2018/05/30/articulo/1527715773_287783.html
09/06/2018
24 TIENDAS MÍTICAS DE ULTRAMARINOS QUE RESISTEN EN EL SIGLO XXI
HUESCA
Su nombre delata: La Confianza. Aunque en Huesca tienen a esta pocholada turística como la tienda de ultramarinos más antigua del país, fundada en 1871 por el francés Hilario Vallier, lo cierto es que su primer uso fue el de mercería, hasta que la familia de María Jesús Sanvicente se hizo con ella después de la guerra. El interior está conservado en formol, con la alegoría del Comercio pintada en el techo por un pintor local.
Se venden especias exóticas, como clavo en polvo de Madagascar, canela de Irán, y su gran especialidad: bacalao en salazón cortado con una guillotina de 147 años. La Cámara de Comercio de París otorgó a María Jesús, más símbolo todavía de Huesca que su propia tienda, el título de “mujer emprendedora de Europa”. Después de ella vendrá su hijo, y quién sabe si alguno de sus nietos.
Ultramarinos La Confianza: Plaza Luis López Allué, 8.
La lecture de votre reportage, si bien illustré, a rappelé des souvenirs heureux. Dans les années 60, l’été, tous les dix jours, nous prenions le tram avec ma mère et allions à Vigo (13 km, 1 heure de trajet) pour faire les courses dans un ultramarino célèbre et disparu, à l’enseigne d’España y sus Colonias, rue Príncime ou Policarpo Sanz. Point de plafond peint, mais une multitude de choses merveilleuses, pastelitos de nata, bolitas de coco, jamones y embutidos, Sugus y tofees de la Viuda de Solano. Il reste bien des ultramarinos en Espagne, et pas uniquement dans les bourgs désertés, et je ne manque jamais une occasion pour y entrer et humer l’odeur exquise de saumure et d’anis.
Je sens d’ici l’odeur… Maria Jesus de la Confianza offre pour chaque achat un petit bonbon appelé “Piropos” avec une petit souhait. Le piropo que j’ai eu disait : “Comer un Piropo cada dia quizas te pueda ayudar a disfrutar de la vida y tus penas olvidar”. (Pardonne l’absence d’accents et incrimine mon ordinateur).