République : une jeune femme s’apprête à sortir d’un air décidé. De la banquette saute une fillette qui gémit “Mama…” La mère, comme à regret, lui prend la main et descend avec elle. Je la vois marcher sur le quai à grands pas, trop vite, trop vite…
Strasbourg Saint-Denis : s’assied en face de moi une femme qui lit la thèse d’un de ses étudiants. Elle mouille son doigt en tournant les pages qu’elle parcourt d’une main énergique. Une annexe tombe par terre. À ce que je peux voir les paragraphes sont bien détachés les uns des autres, un peu trop… l’étudiant sera soupçonné de remplir son texte de vide. Elle lit ; sa bouche se pince par instants ; je l’entends déjà dire à la soutenance : “C’est indigent”. Vingt pages avant la fin elle s’arrête, l’air soudain intéressée (c’est sans doute un passage où son étudiant la cite).
Un jeune homme circule dans la rame : “Si éventuellement vous pouvez me dépanner… Ch’uis un fils de bonne famille à la base… “
Madeleine… Concorde… Invalides : une jeune femme regarde des photos sur son portable, repliée sur elle-même, sanglotant silencieusement. Personne ne semble la remarquer et je fais semblant de rien. À La Tour-Maubourg où je dois descendre je me décide : je lui touche le bras et lui dis : “Bon courage”. Elle me regarde, l’oeil flou, hésite, murmure : “Merci” .
Je ne saurai jamais si je l’ai gênée en la distrayant de son chagrin.
Tes personnages me font penser à la scène des “Ailes du désir” (?) de Wim Wenders, dans laquelle l’ange (Bruno Gantz) circule dans le métro (?) et entend ce que chaque voyageur se dit dans sa tête…
Quel magnifique film !
Ligne 8…
Et où alliez-vous donc ?
Ou d’où veniez-vous alors ?
Si les deux s’entendent sur la même ligne.
Mais pas d’indiscrétion !
Ligne 8 suffit !
Merci… de ce “bon courage”…
Chère Nathalie,
Vous continuez votre route spirituelle et empathique. Vous êtes bénie. Je dois moi abandonner ma Vie culturelle en 19** ; pour le dernier numéro, je n’avais qu’un seul article.
Fidèlement à vous,
Il est plus facile de pondre un petit billet solitaire que de fédérer 20 personnes autour d’un projet de revue… Bonne route à vous ! (Réponse à F. Le Guennec)
J’allais chez tante Marie et je venais de chez moi… Je n’en dirai pas plus. Merci pour votre lecture 🙂 (Réponse à JF Chénin).
Cinq étages à pied, puis
Un petit whisky.
Et hop ! ça repart.